22 avril 2007

Le bon goût du paradis

Découverte le 03 janvier 1502 par le navigateur Gonçalo Coelho, IPAUM IGUAÇU, à l’époque habitée par des indiens, a été le premier bout de terre foulé par les portugais.

Ilha Grande, la plus grande île brésilienne, a d’abord été le lieu de discordes car c’était l’endroit du ravitaillement des navigateurs : l’île est pleine de sources d’eau, d’arbres fruitiers, de bois divers… tout ce dont les navigateurs avaient besoin avant les grands départs pour le continent. Puis en 1750 et jusqu’à la fin du XIXème siècle ce fut la période du commerce: l’île était la plaque tournante de la canne à sucre, du café et des esclaves. Ce fut aussi un endroit de quarantaine pour les immigrés venant d’Europe et potentiellement porteurs de la peste.
Puis ce fut l’époque des prisons et des usines de sardines détruites en 1964. Maintenant, et ce depuis 1994, c’est le tourisme qui fait vivre l’île grâce a 106 plages et 130 pousadas.
Presque tous les 194 km² sont protégées (sauf les littoraux où il y a des habitants), ce qui veut dire que l’île est depuis sa découverte pratiquement vierge. Aucun véhicule motorisé, ici on se déplace en bateau.

Un vrai petit paradis sur lequel nous avons passé 3 jours de rêve.

Après plusieurs bières bues à Leblon (quartier hypra chic de Rio), des franches rigolades en présence de Nargis, Matthieu et Martin et seulement 1 heure de sommeil, nous prenons notre bus à 05h20. Dodo et réveil à Mangaratiba : petit village face à Ilha Grande. Nous n'y restons que le temps d'acheter nos tickets et hop... Bateau, dodo.

Nous voilà sur le ponton d’arrivée de Abraão. Direction la pousada Orientale tenue par Claude un français navigateur qui a revendu son bateau pour acheter cette pousada juchée sur le flanc de la colline surplombant le village principal. Plein de végétation en désordre bien calculé, une salle principale à l’air libre avec des meubles en bois et de petites chambres très cosy. Claude est un type très sympa avec plein de tatouages sur le corps et des dreads-locks sur la tête: ces stigmates sont le fruit de nombreux voyages tout tout autour du globe; son calme en est le reflet.

Notre fatigue ne nous amène pas très loin du centre sur 4 petites plages successives reliées par une « trilha » (sentier). De l’eau claire et plein d’étoiles de mer rouges (30cm de diamètre).

Le soir nous sortons au centre, quelques ruelles de sables et bordées d'arbres en fleur: pleines de charme si on s'eloigne un peu de celles dites « à touristes ». Nous mangeons une « moqueca » (bouillabaisse) les pieds dans l’eau sur la plage. Petite ballade romantique (faut bien remplir son rôle jusqu'au bout) sur le ponton à regarder les étoiles que nous decouvrons pour la première fois. Ça commence bien !

Deuxième jour, Adam et Eve s’en vont arpenter le jardin par des « trilhas » en direction de la plage Lopes Mendes. Deux heures de marche passant alternativement par de la forêt très dense où nous voyons des serpents, des singes, des points de vue époustouflants, des scarabées gros comme un poing… et des plages « lindissimas ». C’est dur car sa grimpe fort, mais c'est surtout paisible, tous les touristes prennent un bateau pour s’éviter cette ballade.

Nous arrivons à destination……. (les mots me maquent)……. 3 kilomètres de sable blanc longeant la forêt de cocotier, de l’eau tiède translucide et un ciel bleu azur. Le sable cri sous nos pieds : au sens propre ! On dirait que l’on marche sur de la neige. Le temps de chausser nos boots et nous sommes déjà à l'eau.

Nous croisons Ricardo et Mariana (des amis respectivement portugais et brésilienne) avec qui nous rentrons en « taxi-boat » et le soir venu buvons un verre tout en discutant éducation et corruption politique au Brésil.

Le troisième jour ressemble au premier mais dans l’autre sens.

Nous avons été marqué par la beauté de la nature omniprésente. Envie de s’y perdre, doublier le quotidien plus bétonné (encore qu’à Rio on sent que la nature est là). Envi de partir voyager et stimuler nos sens. Envi que chaque être de ce monde se rende compte de toutes ces belles choses et prenne conscience du sens de notre place dans tout cela. Nous nous sommes promis de revenir vers cet état originel et de le retrouver ailleurs.

PS: Photos disponibles dans la galerie Picasa. Pas de photos de Lopes Mendes tellement nous avons été déconnecté à ce moment là !

18 avril 2007

Attention ! Violence !

Le sujet de ce soir n'est pas des plus amusants, ni simple à étudier, et encore moins à complètement cerner. Ce sujet ne passera jamais chez Jean Pierre Pernault après Monsieur Bouillue qui fait son cassoulet maison dans une marmite en cuivre au fin fond de la Creuse... ni après d'ailleurs.

Et pourtant c'est une réalité!

Selon un rapport de Institut Brésilien de Géographie et Statistiques, le ratio des homicides a progressé de 130% en 20 ans, proportionnellement à l'augmentation du nombre de favelas: du nombre de laissez pour compte. Le ratio des homicides est de 27 pour 100.000 contre 3,6 en France, et de 49,2 pour 100.000 à Rio (103 pour 100.000 s'agissant de jeunes entre 15 et 24 ans). Rio de Janeiro est le deuxième état le plus dangereux du pays. Ainsi en 2004, 6.438 homicides ont été enregistrés à Rio, 5.196 agressions dans les transports, 22.256 agressions contre piétons et 32.160 vols de véhicules. Seules les attaques de banques et commerces ont diminué.

La violence fait partie du quotidien des brésiliens, surtout dans les grandes villes. Dans la rue (favelas extrêmement pauvres aux pieds des quartiers luxueux, enfants qui quémandent ou rackettent), à la télévision (1/3 du temps des journaux télévisés est consacré au travail des forces de l'ordre, émission sur le modèle américain de courses poursuites et arrestations musclées en direct) et dans les journaux (presse et magasines spécialisés profitent des histoires des favelas).

On ne peut pas passer à côté ! Et la psychose s'installe comme aux Etats-Unis, ce qui ne profite qu'au crime et à ceux qui vous vendent « de la sécurité » (Politique et Cie Corp.)

Les causes et le contexte sont très difficiles à expliquer.
Il s'agit comme en France d'exclusion sociale. Mais la situation brésilienne ferait réfléchir plus d'un politicien français sur nos difficultés, tant elles paraissent simples à résoudre par rapport à celles du Brésil.

Ce qui crée la violence et l'alimente c'est l'omniprésence des trafics de stupéfiants, d'armes de petit et moyen calibre dans les favelas. Les cartels ont main-mise sur les favelas et ne lâcheront rien. Ils ont droguées les enfants depuis leur plus jeunes âge (des gamins de 6 ans snifant la colle ont un regard mort, ils ne font déjà plus parti de ce monde) et leur ont donné des armes.

Comme en Afrique, ce sont les mineurs qui commettent les pires crimes puisque que la législation ne prévoit aucune pénalité à leur encontre. Les adultes (ceux qui survivent) se servent des enfants. Ici on se méfie beaucoup d'eux. C'est eux qui vous racketterons. L'explotion de la violence date du début des années 80 avec l'arrivée des drogues et les générations du dessus sont dépassées; les problèmes de santé publique ne permettent pas de transmettre la mémoire de temps plus paisibles (où la misère n'entrainait pas forcement la violence).

Il y a aussi et surtout le chômage et la fracture sociale (cf. article sur l'éducation), le déficit du système social de 5 milliards de dollars, le salaire minimum fixé à moins de 100 dollars, les raisons de la délinquance abondent. La pauvreté est extrême, tout comme les conditions de vie et de santé. Énormément de gens mutilés à cause d'accident ou de maladie. Les soins de santé étant horriblement cher, même pour nous européens.

En résumé, l'État a abandonné une partie des siens.

On dénombre, 650 favelas à Rio (Rio comptent 8,5 millions d'habitants intra-muros et 11,35 millions dans l'aire urbaine) dont la principale, Rocinha, génère 13 millions de dollars par mois de trafics de stupéfiants ! Elles sont situées sur les morros et entourent les beaux quartiers, mais surtout les énormes quartiers des classes pauvres. Cela représente 10% de la population carioca. Seulement 10% de la population de Rio sème la panique chez les 90% restant.

Bien évidemment, la majorité de ces problèmes se déroulent dans les favelas et dans la zone nord où il y en a le plus. Mais la zone sud n'est pas pour autant épargnée. Les habitants craignent les attaquent aux piétons ou de voiture le soir (personne ne s'arrête aux feux rouge la nuit tombée).

Et comme si ce n'était pas suffisant, l'État de Rio de Janeiro attise le feu en ayant recours à la violence pour combattre la violence : un exemple de contre-productivité.
La situation s'envenime et cela me fait penser aux propositions d'un certain petit mafioso français du nom de Nicolas S. qui veut nettoyer la France !

L'État de Rio de Janeiro a recours à une milice qui tue de manière aveugle. Peint en noir et arborant un crâne empalé sur une épée - l'emblème du Batalhõn de Operações Policiais Especiais (BOPE), l'unité d'élite de la police de Rio - le « caveirão » est craint par les habitants des favelas, car il a provoqué une série d'atteintes aux droits humains, ou est impliqué dans celles-ci. Les organisations locales de défense des droits humains ont reçu une série de témoignages oculaires effrayants, faisant état de « caveirões » tirant au hasard en entrant dans des quartiers, tout en intimidant la population par haut-parleur. Cette solution ne change pas non plus le problème de la corruption !

Après ce discours très alarmant, mais qui est réel, je me dois de vous rassurer. Les attaquent aux piétons dans les quartiers tranquilles de la zone sud n'arrivent que dans des cas particuliers, bien souvent des règles simples n'ont pas été respectée: il y a des lieux à ne pas fréquenter le soir, éviter d'être seul dans les coins connus pour être « limites », toujours évoluer dans des rues où il y a beaucoup de gens, ne pas porter d'objets de valeur ou auquel vous apportez de la valeur, griller les feux rouges le soir, toujours avoir un peu d'argent à donner, ne pas se défendre en cas d'attaque (c'est ce comportement qui entraîne les rares meurtres de touristes).

La zone sud reste quand même très sûre. Beaucoup de policier patrouillent en journée avec mitraillette au poing. Le soir nous ne sortons que dans les quartiers bondés de brésiliens et faisons tout le temps très attention. N'ayez crainte! Le bon sens est la meilleure solution.

J'espère avoir pu éclaircir certains esprits sur la situation du Brésil, sur conduite à prendre pour notre chère France, et surtout sur celle à ne pas prendre. J'attends avec impatience vos commentaires et questions éventuelles.

Un lien très intérréssant pour les lusophones

http://www.favelatemmemoria.com.br/

12 avril 2007

Impressions en vrac !

Voici rien que pour le plaisir quelques petits détails de tous les jours que nous souhaitons partager avec vous.

Onibus

J’ai trouvé le meilleur des réveils à Rio : un trajet de « onibus » (bus). Un petit coup de pompe, une nuit difficile, n’en dite pas plus j’ai la solution, et ça ne vous coûtera que R$ 2,00. Tendez le pouce, levez le bras et un bus s’arrêtera devant vous. La thérapie peut commencer. Vous sortez doucement de votre somnambulisme lorsque vous entendez le bruit de l’embrayage (si embrayage il y a) au passage de la première. Puis ça vous fait le même effet quand la seconde s’enclenche. Vous êtes brusquement sorti de votre état second au premier virage. Et au moment de l’arrêt, plus que brutal accompagné d’un bruit monstrueux de freins, vous êtes prêt pour votre journée, le coup de barre ne se représentera qu’après le déjeuner. Et oui les conducteurs de bus sont de vrais pilotes. Leurs bus ont l’air de sortir d’un cimetière pour auto et pourtant ils sont maîtrisés parfaitement par ces schumi-urbains. Ils prennent les virages à une vitesse folle, des bosses, peu importe, des piétons, ils n’avaient qu’à pas être là ! Ils sont vraiment très bon, on a le droit à nos tours de Space Mountain quotidiennement.

Petite anecdote qui vous fera sourire : les bus trop usés au Brésil sont revendus à d’autres pays d’Amérique du Sud, comme l’Argentine par exemple… ça promet d’être d’autant plus sportif et polluant dans ces pays de troisième main !

La mer et nous

La vie dans une ville qui a des plages, et l’océan qui plus est, est merveilleusement agréable. A Rio, on peut passer de toutes petites ruelles bondées et agitées à une immensité bleue qui s’étend à perte de vue. Et là, vraiment je tiens à dire que c’est un luxe. Se poser en face de la mer fait relativiser beaucoup de chose, on se sent apaisé dès qu’on l’aperçoit. D’autant plus qu’à la plage on a tout à disposition : des vendeurs d’« empadas » et de « pasteis »: des beignets salés de toute sorte, de crevettes en brichettes, de fromage grillé, de boissons:canettes, caipirinha... c’est le paradis (sauf pour la ligne) et aussi des vendeurs de bijoux, de paréos, de toiles de peintures. On ne sort donc avec presque rien: un peu de monaie, la crème solaire et bien évidement la paire de Havaianas: les tongs les plus confortables du monde !

11 avril 2007

Internet pour seulement R$ 39,99

Vous aurez par ailleurs tous remarquer que nous n’avons toujours pas internet à l'appart. La propriétaire a bien voulu lancer la procédure pour faire installer internet à ses frais.

Au bout d’une semaine un rendez-vous était pris. Il faut d’ailleurs préciser que tous les rendez-vous pris ne servent à rien vu qu’ils viennent quand ils veulent. Malheureusement, à cette première tentative, les techniciens n’ont rien pu faire car le passage pour relier notre prise téléphonique à la borne électrique est obstrué, ils ne peuvent donc pas faire passer leur fil.

Rendez-vous avec le deuxième technicien rien que pour être sûre que le premier n'est pas un menteur. Une équipe pour désobstruer doit venir, c'est la procédure à suivre après la contre-expertise.

Nous prenons donc un troisième rendez-vous, ils ne viennent pas le bon jour, c'est encore un technicien et rebelote « désolé mais c’est obstrué on ne peut rien faire !!! ».
Mais quand viendra donc cette équipe pour désobstruer !!! Aujourd'hui même, après 3 semaines de la première visite: « il nous faut l'autorisation de la propriétaire pour faire des manipulation hors de l'appartement ».

6 techniciens se sont donc déplacé pour nous dire à chaque fois exactement la même chose. Je les informé que ce n'était plus la peine de revenir !!!

Il n’y a pas que l’administration qui fait perdre du temps à tout le monde. A suivre …

La bonne nouvelle est que seb a piraté l'accès Internet d'un voisin qui dispose d'un réseau Wi-Fi. A vos claviers et web-cams.

5 avril 2007

La rentrée des classes

Sophie a fait sa rentrée mercredi soir !!

L’enseignement universitaire au Brésil est donné par le secteur public comme le privé. Contrairement à la France, l’Université publique est de très bon niveau mais réservée à une élite, seuls les meilleurs élèves des meilleurs lycées auront la chance d’étudier dans ces facultés. Paradoxe, pour être bon, il faut avoir étudié dans un lycée privé.
Par conséquent pour permettre au moins bons de poursuivre leurs études malgré tout, il y a beaucoup d’universités privées. Les cours y sont chers. en conséquence de quoi, la plupart arrête leurs études après le lycée, travaille pour économiser et s’inscrit ensuite dans ces universités privées. Cela explique que la moyenne d’âge soit plus élevée que par chez nous.
Une autre conclusion est que le taux d'étudiant après le lycée est très faible. Cet accès difficil à l'éducation est la plus grosse barrière sociale qui existe ici. Les habitants de quartier défavorisés n'ont plus qu'à faire les petits boulots: chauffeur, caissiers...

Pour re-situer, je suis des cours de « Mestrado » dans l’une des Universités de droit de Rio. Elle est située dans le « Centro », quartier des affaires, dans un des plus grand building (42étages) en face de l’Assemblée législative. Je suis inscrite à 2 cours : « théorie du délit » (de la criminologie) et « état, marché et négociation ». Ces deux cours durent 3 mois et ensuite je suivrai un cours de propriété intellectuelle avec un mémoire en prime à rendre au bout de 3 mois…

J’ai donc assisté à mon premier cours mercredi 04 avril. Pour tout vous avouer, j’y suis allée à reculons, du droit en brésilien, la bonne blague! Et bien, j’ai été agréablement surprise par leur accueil et leur gentillesse. Notre professeur est un petit monsieur mais une grande pointure d’avocat et très gentil, très pédagogue. Ma classe se constitue d’une dizaine d’avocats entre 30 et 40 ans. Ne me demandez pas comment ils ont pu devenir avocat sans avoir jamais étudié la matière que nous suivons… ?

Veuillez noter, je vous prie la grande classe de mon université : on nous apporte du café tout chaud, des jus de fruits et des gâteaux à la pause. Si ce n’est pas merveilleux. Il faut dire que les horaires sont un peu étrange : de 18h à 21h30. Mais c’est très aimable à eux de penser que nous réfléchissons mieux le ventre plein. A priori, ces horaires sont fats pour les travailleurs et pour éviter les grosses chaleurs de la journée. Mais, vue qu’ils mettent systématiquement la climatisation extrêmement forte, cela n’a plus aucun intérêt. Vous vous rendez compte que je dois apporter 2 pulls pour ne pas mourir de froid pendant le cours alors qu’il fait 28°C quand on sort à 21h30 ! Ils sont fous ces brésiliens !!!