17 février 2008

Picinguaba

Vous connaissez tous ce sentiment de vouloir fuir parfois les grandes villes, ce besoin de se retrouver en osmose avec Mère Nature. Afin de satisfaire une telle envie, nous voilà partis, 5 petits français, en direction de Picinguaba.
A 5 heures de route de notre chez nous, ce petit village de pêcheur est situé de juste après l’autre côté de la frontière de l’état de Rio de Janeiro, dans l’état de São Paulo.


Nous arrivons tard dans la nuit dans ce charmant bourg : deux bars, deux restaurants, pas de banque, pas de pharmacie et pas de réseau téléphonique… De jeunes autochtones nous accueillent et nous servent de guide pour trouver notre maison perdue en haut du village. Une fois nos affaires déposées, nous descendons sur la plage, le temps pour Vincent de faire un petit saut dans la mer, bain de minuit en sunga (nous pas très courageux, on l’a juste regardé) et nous voilà parti avec Morphée !


Le lendemain matin, le temps n’est pas spécialement exceptionnel, cela donne un côté assez surnaturel au port et aux plages. Mais derrière les nuages, on sent que le soleil est bien là.
L’objectif est d’aller découvrir Praia Brava, sur le chemin, après avoir franchi la rivière sur une planche de surf manoeuvrée par un gamin, nous traversons l’immense plage da Fazenda, plus de 4 kilomètres d’étendue de sable, à perte de vue, plat, plat, plat


Après une petite sieste à l’ombre d’un arbre, et d’une longue baignade dans une eau chaude, nous repartons à l’aventure : la forêt tropicale. Quelle idée de mettre des plages de l’autre côté de la forêt. Quelle horreur !!! Des bêtes dans tous les sens, des toiles d’araignées et moi qui suis en éclaireur … « à 15 minutes de marche ! » qu’ils disaient… à d’autres, hein !! Mais la récompense vaut le drame, « valeu a pena » comme on dirait ici : une plage déserte, petite, pleine de gros rochers parfaits pour une seconde sieste. Cette plage s’appelle « Praia das Conchas » car elle est remplie de coquillages pour le plus grand bonheur de Giliane et Sophie (une amie de Giliane en vacances !).
Je redoute le retour : retourner dans cet amas d’étranges bestioles et de plantes qui coupent. Heureusement que le retour est toujours plus rapide que l’aller. Nous retrouvons notre merveilleuse et gigantesque plage, sous une lumière de fin de journée digne des plus grands éclairages de film, un dernier bain s’impose.
Un grand bol d’air, quelques bons kilomètres dans les pattes, ça crève. Du coup on ne fait pas long feu le soir : un bon apéro avec une caïpirinha, un dîner et hop ! au dodo.


Dimanche matin, on se fait avoir par le changement d’horaire mais à notre profit, du coup on gagne une heure pour glander après le petit-déjeuner. Au programme de la journée, les apprentis Robinson que nous sommes partent à la découverte des petites îles en face du village. On nous emmène en bateau à l'île du chou, enfin j’ai envie de dire en barque à moteur.


Attention ! Nous arrivons au paradis : des eaux turquoises et claires, des fonds marins merveilleux (même si moi je n’y ai vu que des sergents, un poisson lune et des oursins…), du soleil, du sable blanc et fin, et 15 personnes sur la plage (dont 3 français en plus de nous, c’est fou ils sont partout). Un seul mot nous vient à la bouche : wahou !!


Nous passons la journée à patauger, papoter, nager, se rouler dans le sable, manger, bouquiner, siester, snorker … farniente quand tu nous tiens, quel bonheur ! La journée passe, les 3 courageux que sont Giliane, Vincent et Seb terminent par une ascension de l’île pour y découvrir la jolie vue.
Le temps de rentrer se doucher, ranger, une dernière caïpirinha et nous voilà repartis sur la route de Rio.

Bon bol d’air, des paysages à vous couper le souffle, c’est cool les week-ends hors de Rio !
C’est marrant parce qu’en en discutant on remarquait qu’on bouge beaucoup plus les week-ends depuis qu’on est au Brésil. Donc certes, il y a un paramètre financier : ça revient moins cher de voyager aux alentours de Rio que d’aller passer un week-end à Barcelone ou à Lyon. Mais il y a aussi le fait que notre temps au Brésil nous est compté, ça motive. Et oui, on ne reste qu’à peine deux ans … on ne peut plus se dire « ah c’est pas grave on le fera plus tard ! » La bonne excuse pour se faire des petits voyages, non ?
Cependant je vais essayer de me dire la même chose une fois de retour en France. Une auberge de jeunesse, des sandwiches, j’oublie le petit pull trop beau remarqué chez Zadig et Voltaire et hop me voilà en Corèze, à Nice chez Boris, à Avignon chez Jérémie, à Bordeaux chez Claire, à Mainz chez Jo... Après tout le temps nous est compté tout court, non ? Alors faut essayer de voir du pays le plus possible !

PS: des photos de tout ça ? ... ici

3 février 2008

Exécution de la liberté

A force de vous bassiner avec notre école de samba vous n’allez plus venir lire ce blog. Mais qu’à cela ne tienne, je fais face aux critiques qui m’assommerons et assume l’emprise que Viradouro a sur mon esprit et mon corps.

Je ne peux résister à vous conter les faits qui ont marqués la semaine avant le carnaval : un char de Viradouro représentant l’holocauste a été interdit par mandat judiciaire de la Fédération Israélite de Rio de Janeiro le 31 janvier 2008… 4 jours avant le défilé ! Notre « carnavalesco » (metteur en scène) est très réputé dans le domaine tant par sa créativité que par son discours et ses innovations dans cet art.

C’est vrai que dans un lieu où l’on est plus habitué à voir des plumes et des paillettes, on peut penser que parler de ce fait horrible n’est pas adéquate. D’autant plus que la représentation choisie était trop figurative : un tas de corps avec au dessus un Hitler tête baissée comme pour dire qu’il a honte de ce qu’il a fait.
Cette vision peut choquer et donne froid au dos. Le thème « arrepiar », bien qu’étant gentil lorsque l’on parle du froid ou des films d’horreur qui donnent des frissons, se veut aussi plus sérieux.


Il me semble, qu’une représentation plus abstraite aurait surement fait moins de vagues ! L’intention n’était pas de choquer ou être irrespectueux.
Mais dans tous les cas, les raisons apportées pour bannir ce char et surtout la manière employée sont dignes d’un sabotage et c’est pour ma part une atteinte à la liberté d’expression qui est à condamner.

Freiner la liberté d’expression cultive un terrain fertile à la prolifération de la violence, du désespoir et de la brutalité. Personne ne devrait avoir le droit d’occulter les faits. La prohibition sommaire de l’expression artistique est le premier pas vers un dangereux précipice. Détruire un char allégorique c’est tout comme brûler des livres ou censurer un film. L’holocauste a souvent été montré dans des films, des livres, des œuvres d’art… mais on n’aurait pas le droit d’en parler lors d’une fête populaire ?
Et ce qui me dégoute, c’est que derrière cette décision arbitraire se cache la médiocrité, l’impossibilité de vaincre la force des idées sans passer par la force. Il faut vous dire que le démontage ou plutôt la destruction du char sur son lieu de fabrication a été des plus musclée !

Le Carnaval a par le passé dénoncé, mis en avant des idéologies, combattu des préjugés. Avant scène des luttes pour la liberté, le Sambodrome a déjà montré l’oppression contre les noirs et les indiens, la résistance des migrants du nordeste contre la pauvreté, des sagas de héros tués en martyres par les balles de la démocratie… et la liste ne s’arrête pas là !

L’holocauste n’a pas seulement atteint les juifs, marquant aussi la vie de communistes, d’homosexuels, de tsiganes, de déficients mentaux et physiques et d’intellectuels qui étaient contre le régime d’Hitler ou bien juste différents de la « normalité imposée ».

Face à la censure, Paulo Barros, le créateur de notre défilé, a ainsi remplacé le char censuré par une autre allégorie représentant l’exécution des libertés qui sont la conséquence d’idées préconçues et d’intolérance, protestant ainsi contre toute forme d’extermination de vie et de liberté.


On ne construit pas l’histoire de l’humanité seulement avec des faits plaisants. Les cicatrices de l’âme sont les meilleures protections contre de nouvelles blessures !

J’attends avec impatience vos commentaires sur ce sujet délicat.

Sinon, pleins de photos de notre défilé et celui des autres écoles sur Picasa.


Défilé au Sambodrome

Nous y voilà ! Le jour tant attendu est arrivé. Nous allons défiler !!! Matinée tranquille et après-midi pépère (un mini bloco) pour garder des forces. Le trac monte depuis quelques jours et surtout aujourd’hui. C’est le premier soir du défilé des grandes écoles : la première division. 12 écoles s’affrontant sur deux jours (6 par soir) pour remporter le titre tant convoité durant toute cette année de préparation !

Rendez-vous chez Sandra, Jérémie et Delphine avec qui nous défilons. Ils sont déjà en tenue et maquillés par des amis et parents. Nous, on se trimbale nos costumes dans un sac poubelle, on ne veut pas passer 5h à attendre dans des habits super chauds ! Malgré cela, nous avons quand même le droit à notre touche de doré et de paillettes sur la bouille. Départ en taco pour Niteroi !

Nous rejoignons les autres membres de notre allée : 100 autres personnes, qui auront le même costume que nous : la vraie bande de Lampião! On a le droit à un petit cocktail pour faire descendre le stress, des petits-fours… On est chouchouté : mon pantalon de costume perd son élastique et il est réparé dans la minute par la confectionneuse en personne. Je suis impressionné par tant de dextérité. Sous la technique de ses doigts habiles, l’épingle à nourrice trace le sillon pour que l’élastique reprenne sa place. Ça y est je ne perds plus mon futal !

Petit mot du président de l’aile et prière. Bon, là je vous avoue qu’en tant que petits français que nous sommes, habitués à un Etat laïque, nous nous sommes regardés dans les yeux tous écarquillés. Petits sourires en coin, mais on respecte. Nous faisons partie de la chaine, nos mains servant à faire passer le fluide. Puis tels des enfants partant en colo, nous montons dans des bus spécialement affrétés pour nous (c’est ça de défiler dans une aile « commerciale »). Le trajet est des plus joyeux, voire gai même. L’alcool nous aide à pousser la chansonnette. Et puis on arrive au Sambodrome.

Nous voilà dans la “concentração”, l’avenue où chaque école, l’une après l’autre, se prépare avant de défiler. Il est déjà tard : nous sommes les derniers de ce soir : début du défilé prévu à 02h00 !

Le stress est encore là, et comme toute énergie, il ne disparaît pas mais se transforme en euphorie. Nous voilà tous habillés. Autour de nous les autres font de même, on voit passer tous les différents costumes : Freddy, Chucky, les cafards, les chaises électriques, les guillotines, les Edouards aux mains d’argent, les hommes et femmes dorés, les bahianaises en igloo, les mains, les bouches, les punks, pingouins… tout se qui rentre dans le thème des frissons. Chacun se prépare et aide son voisin. Les backstage sont un spectacle magnifique, nous sommes comme des gosses devant la parade de Noël. Les chars se découvrent peu à peu de leurs bâches. Cet énorme désordre se met en place petit à petit. On a peine à croire que tout va être en ordre.


C’est génial de vivre l’envers du décor, de faire partie de cette organisation monstre, tout ça depuis plusieurs mois et juste pour 1h20 de défilé. Je suis très ému ! Mon rôle est petit mais tout de même important, un peu comme dans mon passage sur terre. Je ne suis qu’un sur plus de 6 milliard d’humanoïdes mais tout aussi important que n’importe qui car j’interagie avec les autres… euh ! Je disais quoi ?

Voilà, ça vient d’avancer pour la première fois. D’abord un mètre, puis deux. Le défilé vient de commencer avec un grand feu d’artifice de plusieurs minutes. Nous ne sommes plus qu’à 10 mètres de l’entrée du Sambodrome. Tous les Lampiões dansent. Derrière nous, la bateria casse la baraque, avec en tête Juliana Pães, notre reine. Nous serons au centre de toutes les attentions !

Entrée dans le Sambodrome, l’espace d’une fraction de seconde j’ai l’impression que le monde entier s’est arrêté. Premier regard sur l’ambiance et le cerveau est déjà saturé d’informations. Tout va très vite : le public est hystérique, y’a du mouvement partout, des sourires, des cotillons argentés, ça crie, ça chante, ça danse, ça saute dans tous les sens, nous avançons pas à pas tout en chantant notre hymne et gesticulant, on voit nos amis dans le public : ça fait trop plaisir ! Notre petit cœur bat à mille à l’heure et est rempli de bonheur. C’est un pur moment de folie, de magie, d’ivresse, il faudrait inventer un mot dans le dico pour décrire tout ça ! 40 minutes d’extase !

Ça y est ! On l’a fait ! Truc de ouf comme on dit chez les djeuns ! Une expérience hallucinante. On a l’impression quand on défilé devant ce public fou de joie que l’on est le centre de tout. Je me suis senti une vraie rock-star. Wahouuuuuuuuuuuuu !!! J’en veux encore… faudra attendre 2009.

Petite bière à la fin du Sambodrome. Le jour se lève. Il y a des cadavres de costume partout. Taxi. Nos jambes sont lourdes. Les paupières aussi. Comme des mômes qui auraient passé leur journée à EuroDisney, nous nous endormons, pleins d’étoiles dans la tête.

Lampião... mais qu'est-ce que ça peut bien être ?

Ce week-end c’est le Carnaval : moment tant attendu ! La pré-chauffe de la semaine dernière nous avait impressionnée et mis l’eau à la bouche et plus souvent de la cachaça !

Je vous avais décris dans mon dernier article l’ambiance des blocos, ces fanfares folles qui arpentent la ville au son des percussions et des cuivres. Aussi, j’avais évoqué brièvement qu’un autre carnaval se déroulait à la nuit tombée au Sambodrome : le défilé des écoles de samba.
A force de répétition vous avez dut comprendre que nous faisons partis de l’école de samba Unidos da Viradouro ! et que notre costume, notre « fantasia » est le « Lampião ».


Nombreux ont été les curieux qui se sont posés des questions sur ce personnage du folklore brésilien. Ceux là vont être ravis à la lecture de ce post, les autres aussi je l’espère.

Tout d‘abord un récapitulatif du pourquoi de ce costume. Notre école a choisi de défilé sur le thème de « arrepiar » : frissonner. Les paroles de notre chanson, les chars allégoriques, les costumes, tout doit faire allusion à cette sensation : du froid au film d‘horreur en passant par l’amour. Et donc logiquement les histoires populaires qui font intervenir des personnages qui inspirent la peur dont le Lampião (prononcer L’un-pi-un-on).

Ce personnage est une figure légendaire. Né en 1900, tout rond, de son vrai nom Virgulino Ferreira da Silvia, il fut le chef de la principale bande de Cangaceiros (des bandits paysans) du Nordeste entre 1920 et 1938, année de son exécution.



La région du Nordeste, pauvre en eau, riche en cactus et végétation sèche, est l'une des plus anciennes régions habitées du Brésil et elle reste aujourd'hui une des moins développées. L’éducation y est rudimentaire et la société locale est dirigée par les grands propriétaires terriens qui sont par-là même, les hommes politiques locaux.

Le "cangaço " est en fait un banditisme social. Deux termes que l’ont n’a pas l’habitude de regrouper mais qui peuvent s’associés dans certains cas.
Le bandit social est en général membre d'une société rurale et, pour diverses raisons, considéré comme proscrit et criminel par l'État et par les grands propriétaires. Malgré cela, il continue à faire partie de la société paysanne dont il est issu, et il est parfois considéré comme un héro par cette société, qu'il soit un justicier, un vengeur, ou quelqu'un qui vole les riches.

Mais comment en arrive-t-on à vouloir tuer les forces de l’ordre et voler les plus riches pour redistribuer aux plus démunis ? À mon avis, le pas à franchir est plutôt simple quand, à 19 ans et fils aîné d’une famille nombreuse, on voit mourir son père, tué par la police pour avoir critiqué le politicard qui avait volé sa terre en toute impunité.

Lampião est donc très rapidement devenu, selon les points de vue : un justicier, un bandit ou un tueur. Il était chef d’une bande d’une centaine d'individus. Et il a bien enquiquiné son monde et surtout celui de l’ordre établi. L'état et les politiciens locaux étaient offensés par son prestige et sa puissance. Mais attraper et tuer Lampião n’a pas été une chose facile. Il était connu dans tout le pays, possédait des espions partout, ainsi que des amis. La majeure partie de la police envoyée contre lui n'était pas excessivement enthousiaste à l'idée de tomber en embuscade dans la brousse.

On pourrait faire l’analogie avec Robin des Bois, mais Lampião n’a pas fait que des belles choses avant de s’amuser au « justicier sans slip par-dessus le collant » ; il a commencé sa carrière en volant des vieilles femmes. Pas très jojo tout ça !

Etre bandit-justicier se n’était pas juste une manière de gagner de l’argent mais avant tout un style de vie et surtout une philosophie. Il y avait toute une culture avec ses attributs vestimentaires, ses codes de hiérarchie, ses rapports entre les genres, ses rituels d'initiation, ses valeurs culturelles et ses pratiques religieuses. Grâce au produit des vols et à la présence de plusieurs femmes parmi eux, les hommes de Lampião se parent d’accoutrements extravagants, portant des étoffes fines et arborant des pièces d’or, inondés de parfums de prix et bardés d’accessoires incrustés d’argent. Le buste serré par des cartouchières, le cou ceint d’un foulard de couleur vive, la tête couverte d’un chapeau aux bords relevés et brodés, ils façonnent une image baroque et romanesque qui enflamme l’imagination populaire. Mêlant raffinement et barbarie, ils fascinent et inquiètent à la fois. Des vrais people !

A cette théâtralisation s’ajoute chez Lampião un attrait certain pour la notoriété. Alors que toutes les polices de la région le recherchent, il accorde des entretiens à des journalistes et se laisse prendre en photo. Un film est tourné dans la clandestinité, qui montre les hors-la-loi dans des simulacres de combat ou dans des scènes de la vie quotidienne.

En cas de trahison ou de dénonciation à la police, les Cancageiros étaient impitoyables. Lampião allait jusqu’à l’extermination des familles entières de ses ennemis, attaquait les petites villes, tuant les policiers, rackettant les commerçant locaux, violant même les femmes parfois si elles avaient une relation avec des policiers ou des soldats, saisissant n’importe quelle richesse ou vivre. Ce dont il n’avait pas besoin, il le redistribuait à d’autres villages, s’assurant ainsi leur sympathie.

En juin 1938, alors que le roi du Cangaceiro désire mettre fin à sa "carrière", la cachette de Lampião fut révélée à la police par un commerçant qui parla sous la torture. Agissant par surprise, la police massacra à la mitrailleuse le petit groupe des 50 cangaceiros. Après un combat d'une vingtaine de minutes, 40 bandits réussirent à s'échapper, mais les chefs furent visés les premiers et Lampião et 10 de ses hommes furent abattus, ainsi que sa compagne, Maria Bonita. Les corps furent décapités et les têtes mises, comme trophées, dans des bidons de kérosène avec de l'eau et du gros sel.


Dès le début du siècle, les poètes populaires nordestinos immortalisent les prouesses des cangaceiros à travers une littérature régionale, et une sorte de chanson de gestes, le Cordel.
Sur les marchés et les foires, on chantera ou on lira à haute voix l'épopée tragique de ces héros d'autrefois. Les cangaceiros vivent toujours dans le folklore, la littérature, les bandes dessinées, la TV, les films et les chansons populaires.


Un petit bon dans le temps de seulement 70 ans, et nous voilà, avec Jérémie, Sandra et Delphine aux abords du Sapucai, une centaine de brésiliens déguisés en Lampião afin de donner pleins de frissons au public du Sambodrome.


Nous sommes contents d’avoir ce costume sur nos épaules même si le personnage était plutôt un bandit qu’un révolutionnaire.
Car ce personnage a (malheureusement qu’un tout petit peu) contribué à l’émancipation de la région du Nordeste, mais l’état présent est encore insuffisant. Là où Lampião a lutté il y avait et il y a encore trop d’ignorance, d’exploitation des plus petits et d’humiliation. De manière générale, l’indifférence des pouvoirs publics continue dans le Nordeste. L’économie brésilienne a beaucoup progressé ces dernières années, mais ce progrès a laissé de côté cette région qui vit de nos jours sous les mêmes apparences qu’au début du siècle dernier. Presque rien n’a vraiment changé depuis Lampião, rien n’est fait pour favoriser le travailleur qui par manque de patience et de retombées préfère souvent glisser sur des pentes qui lui font oublier sa dure vie.

Nous espérons que notre prestation marquera les esprits !