29 juin 2007

Vive les vacances

Voilà, le recit de nos vacances commence ici.. enjoy!!!

Départ de Rio pour l'état de Bahia, sacs a dos sur le dos, l’avion part déjà avec un retard de une heure. Rien de plus normal ici, surtout avec la crise actuelle qui secoue les armées aéronautiques responsables du contrôle du trafic aérien suite au crash en 2006 d'un avion de la GOL et du récent désastre survenu à São Paulo.



Arrivée nocturne à Salvador, ville la plus africaine du pays. Racine de beaucoup de cultures : le Candomblé, la cuisine épicée, la capoeira, le romantisme littéraire de Jorge Amado, etc. venues d’Afrique dans les veines des esclaves qui étaient débarqués dans le Nordeste.

Nous logeons dans le Pelourinho, quartier historique de la ville. Nous sortons boire un verre dans le flot de touristes et nous nous faisons comme les autres accoster par plein de personnes nous quémandant de l’argent ou essayant de nous vendre des bijoux et autres babioles. La drogue et le désespoir se lisent dans leurs regards. Les enfants sont sans innocence. L’agression commence.

Lieu d’hébergement des touristes et de sorties des brésiliens, le Pelourinho est bondé de flics, et malgré leur présence à chaque coin de rue, Sophie ne se sens pas rassurée. Un brésilien se pose à coté de nous, pensant que ma cigarette roulée est un « basiado » (pétard). Etudiant, nous discutons politique, pauvreté, et avenir du brésil autour d’un verre. Le Nordeste est la région la plus pauvre du pays, et sa vision du futur est beaucoup plus radicale que celle des cariocas ou des paulistas (São Paulo). La vie est si différente ici ! Il faut dire qu’avec un pays si grand, à la taille d'un continent, changé d’état revient à notre échelle européenne à changer de pays. Par conséquent, la culture est différente, la physionomie plus africaine, la peau plus noire et qui dit noir dit strate de la population la plus pauvre, dit persécutions séculaires, peu d’espoir et envie que tout pète. En somme, ce fut une rencontre plutot intéressante.

Mis à part ces faits, ce quartier semble très joli et chargé de mémoire !

PS: les photos sur Picasa

26 juin 2007

Violences et préjugés

Les nouvelles sont sinistres en cette 177ème journée de l’année 2007, où nous célébrons les 41 ans de Dany Boon, les 35 ans de Garou, ou encore l'anniversaire de la création des Nations Unis en 1945 et le premier vote des femmes belges en 1949... La violence est encore à l’ordre du jour, mais aujourd’hui je parlerai de celle qui vient du haut et qui fait des ravages chez les plus démunis.

Ici à Rio, 5 jeunes habitants des immeubles huppés du quartier Barra de Tijuca ont tabassé lâchement une employée domestique et lui ont volé son sac à main. Un fait qui pourrait arriver n’importe où mais qui se répète un peu trop par ici. Ce week-end encore, à São Paulo, des faux punks (des quartiers chics) ont tué un jeune des favelas à coup de couteau. A Brasilia, un indien patoxó brulé vif par des jeunes qui voulaient s’amuser…



Ces comportements sadiques et surtout irréfléchis sont l’œuvre d’étudiants en médecine, droit et informatique (privilégiés compte tenu du système d’éducation défaillant, qui n’est pas à la portée des plus pauvres) … des garçons qui sont censés avoir reçu une éducation.
Ces gestes, malheureusement, reflètent la mentalité des têtes « pensantes » de ce pays qui sont nombreuses et partout, et qui au grand damne du peuple contrôlent le pays, dirigent, pillent, traitent et humilient les pauvres.

Comment des gens favorisés peuvent être capables de tant de barbarie, d’incivilité, de manque d’étique et de respect ? Beaucoup de réponses. Elles ne sont pas toutes l’unique raison mais ensemble forment un climat général qui peut en mener certains (car ce n’est pas non plus un comportement général) à agir ainsi : la violence envers les pauvres montrée à la télé, la répression sans raison exercée sur les honnêtes habitants des favelas, l’impunité avec laquelle la classe politique vole les richesses de l’Etat, l’héritage séculaire des colons puis des barons terriens, et enfin de l’armée dictatrice qui a toujours profité du plus faible pour satisfaire sa soif d’argent…

Ce qui est sûr c’est que ces jeunes ne sont pas les seuls responsables de leurs actes. On pourrait appliquer la théorie de causalité (mais ces critères ne sont pas reconnus par la loi pour éviter l’effet infini du problème : clin d’œil à Sophie !) pour reporter la faute aux parents, aux grands-parents, à la société et ainsi de suite.
Ces jeunes sont éduqués pour ne pas avoir de conscience sociale (ni politique) et pour devenir la classe dirigeante de ce pays : ils seront avocats, patrons d’entreprises, des gens avec suffisamment de pouvoir pour continuer à agir ainsi sans se remettre en question, dans un pays où il suffit d’un bon avocat (si on peut appeler ça ainsi pour certains tant le diplôme est « fictif ») pour gagner à tous les coups. Persécuter les petits boulots, les employés de maison, les chauffeurs de bus... toute la masse salariale qui fait vivre ce pays.

Ainsi au Brésil les riches conservent leurs pouvoirs, sans rien lâcher.
Les brésiliens ne sont pas les seuls à se comporter ainsi. On retrouve ce phénomène chez pas mal de personnes de la communauté « expat’ » qui se croient supérieures. Ou bien chez les touristes qui prennent trop souvent les demoiselles pour des catins.
Une lueur d’optimisme brille au loin : celle des personnes de classe moyenne ou même pauvre qui chaque fois plus se permettent « d’ouvrir leur gueule ».
Crions ensemble pour réveiller le peuple brésilien ! Faisons preuve d’humilité et de respect face à chaque citoyen du monde.

PS: merci à Thiaggo pour son article sur son blog et pour toutes les discussions que nous avons.

3 juin 2007

Affrontements à Leme

Avant d’écrire cet article, j’avais envie de vous parler d’un sujet actuel et en même temps si banal car tout le monde le vit, comme par exemple la corruption qui ici est flagrante et générale (un vrai cancer) ou l’inégalité visible à n’importe quelle heure… et c’est ce que je vais faire. Le thème choisi est la violence.

Je ne vais pas vous faire de la paraphrase d’un article antérieure écrit dans ces colonnes qui traitait des favelas. Non ! Je vais recopier ma mémoire et des bouts de journaux locaux.

Fermez les yeux et suivez Oz.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, alors que nous dormions paisiblement enlacés au chaud sous une couette afin de vaincre la fraîcheur des nuits d’automne (seulement 18°C)… alors donc, nous fumes réveillés en fracas par ce qui nous a tout d’abord semblé être des pétards.

Les paupières trop collées, je me réfère à mon ouïe pour répondre aux questionnements de So qui voit s'interrompre sa discussion avec Astérix, Merlin l’Enchanteur et Georges Sand à bord d’une voiture filant sur les vagues de la mer Rouge…

En temps que membre du réseau (des misions économiques), il ne me faut que quelques secondes pour différencier les bruits des Magnums Benelli de ceux des PP19 Bizon ou des grenades « ananas ».

Une confrontation entre trafiquants sur le morro Chapéu Mangueira a réveillé tout le quartier sur les coups de 04h du mat'. Ce morro, situé en amont du quartier de Leme, est en temps normal réputé pour être très tranquille. Ce quartier est voisin de celui où nous habitons et malgré une distance de 500 mètres nous pensions que les tirs venaient de la rue d’à coté.

La veille, des trafiquants de la faction « Amigo dos Amigos » venant du morro Vidigal avaient pris le contrôle de la zone presque sans confrontations.
Les expulsés sont revenus en plus grand nombre pour reprendre leur activité. Les tirs et les explosions ont durés 40 minutes. Le combat n’a pas permis aux hommes du « Commando Vermelho » de récupérer leur gagne pain.

C’était très impressionnant malgré la distance. Et ça devait l’être encore plus pour les riverains de Leme et pour les non-impliqués qui vivent la communauté.
Lorsque l’on réalise ce qu’il se passe à quelques rues de chez soit, on se sent mal à l’aise d’entendre ces actes de violence. Entendre des hommes qui s’entretuent est choquant, flippant et d'autres mots en « -ant ». Quand on le voit à la télé, on ne s’imagine pas ce que ça peut être. Mais en direct, en quelques seconde, le dégoût pour ceux qui engendrent la violence vous prend ainsi que la tristesse en s'imaginant que d’autres vivent cela au quotidien : les femmes, enfants et hommes de bonne foi des favelas, les peuples d’Iraq ou toute autre personne vivant sous les explosions et cris de la guerre.

Malheureusement, cet exemple qui peut paraître incroyable n’est pourtant qu’un évènement de plus dans le quotidien d’un pays bouffé de l’intérieur.

À l’heure où je vous écris nous entendons encore quelques rafales, tout comme hier et sûrement demain. Le problème s’arrêtera bientôt à l’inverse de celui de la favela Complexo do Alemão où les affrontements entre gangs et policiers durent depuis maintenant 35 jours.

Dormez en paix, nous sommes bien loin de tout ça. Mais ayez une pensée pour ceux qui en ont besoin.