On est samedi, et comme tous les week-ends de cette fin d’année l’attraction phare c’est d’aller dans une des nombreuses écoles de samba de Rio. Je vous avais déjà fait vivre la magie de Unidos da Tijuca et de Mangueira, partons maintenant pour un voyage aux confins de l’extase … à Viradouro. Armez-vous de bonnes énergies et de joie !
Après une bonne pizza et quelques bières chez Sandra et Jérémie, nous traversons la baie de Guanabara, à dos de Twingo, pour nous retrouver à Niterói, en face de Rio. Vous me connaissez, je suis un blagueur (ou pas ?), alors je ne peux résister à vous conter une petite blagounette bien du cru d’ici : « Savez-vous quelle est la seule chose que les cariocas envient aux habitants de Niterói ? … vous donnez votre langue à Meia ? … Réponse : la vue sur Rio !!! ». Quel bande de comiques ces cariocas !
Arrêtons de nous laisser aller ! Vous n’avez pas que ça à lire ! Même si c’est vrai, que vu d’en face, Rio est magnifique avec tous ces morros en plein milieu de la ville, le Christ surplombant le tout. I love Rio !
Nous arrivons à la « quadra » (n.f. désignant le siège de l’école de samba ; équivalent du stade pour les équipes de foot) et comme à chaque événement de ce type, où on vient avant tout pour faire la fête et tout ce qui va avec, il y a plein de petits vendeurs ambulants proposant viande grillées, aliments frits et boisons à bulles.
Pour rentrer dans la quadra, c’est comme si on allait aux pipi-rooms : nous entrons, les hommes d’un coté et les femmes de l’autre. Fouille systématique… petit instant de plaisir ! Merci monsieur.
Et là bam ! On en prend déjà plein les yeux. Les couleurs sont chatoyantes. Viradouro c’est le rouge et le blanc. Leur symbole : une main noire et une main blanche qui se serrent. Et ce n’est pas dénué de sens. Il y a une atmosphère que je n’avais pas encore vue dans les autres écoles. À Unidos da Tijuca c’était très noir et métissé, certains me regardaient bizarrement, à Mangueira il n’y avait pratiquement que des bourgeois (bah oui des blancs !), mais là on sent que tout se côtoie et en temps que gringo j’y ai trouvé naturellement ma place.
Deuxième effet KissCool, bam ! On en prend plein les oreilles. L’orchestre commence a joué des classiques. Ça monte ! Ça monte ! Mes pieds ne touchent déjà plus le sol.
Sandra, qui connaît une partie des organisateurs du défilé de l’école, nous a réservé une table tout près de la scène, tout près des enceintes dont l’ingénieur du son aurait de quoi apprendre de Noch ! Nous faisons la rencontre de Suelly et de son mari, respectivement vice-présidente et président de la Ala dos Artistas. Le défilé est divisé en plusieurs « Alas » ou secteurs qui représentent chacun(e) une allégorie évoquée dans la musique.
Cette année, le thème choisi par l’école est « É de arrepiar » : traduisez par « tout ce qui donne des frissons », à savoir : l’amour, l’amitié, la vie, le froid, les films d’horreur, les vilains messieurs pas gentils, les légendes, les insectes et bêtes étranges et surtout le Samba (musique) et la Samba (danse). Et pour le coup, cette école m’a vraiment donné des frissons.
« L’enredo » (la musique du défilé... écoutez ici) a une mélodie entrainante et à la fois quelques chose d’émouvant comme si je vous serrais fort dans mes bras tout en me dandinant de gauche à droite de manière langoureuse.
L’atmosphère est unique. La quadra est a ciel ouvert (et à cette époque ça fait du bien), la cour ornée de palmiers géants illuminés, à l’entrée la statue d’une vierge, sous le préau une petite scène pour l’orchestre de percussions et sur les pilonnes des sortes de petits présentoirs pour les danseuses.
Tout est fait pour que l’on se sente vivre, pour sentir les autres et leurs vibrations. L’orchestre est au milieu de la foule répercutant sur tous l’onde de choc crée par la centaine de percussions.
Au centre le mestre-sala et la porta-bandeira, le couple, qui ouvre le défilé et porte le drapeau aux couleurs de l’école, font une petite démonstration de virevoltées. Ils sont suivis par les « passistas », des danseurs exceptionnels. Les hommes exécutent des figurent de styles et les femmes, habillées du stricte minimum, bougent leurs corps dorés à un rythme frénétique (petit spot publicitaire ici).
Quelques beautés sont aussi à leurs perchoirs… beaucoup de gens dansent la tête en l’air et la bave aux lèvres… surtout les hommes ! Il y a aussi la « velha guarda », le club des anciens qui démontrent que la samba c’est bon pour le moral, et que le moral c’est la santé.
L’enredo (voir définition plus haut) a été joué pendant une heure et demie : durée pendant laquelle tout le monde chante et danse avec frénésie, y compris nous même. Hommes et femmes, enfants ou adultes s’adonnent au plaisir de l’évasion. Clic ! Pop-pop ! Le corps et l’âme se détachent de la réalité.
C’est magnifique à voir : « Bate outra vez no meu coração » !
Et rien que d’écrire ces lignes, j’en ai la chaire de poule. Ben qui a assisté au même spectacle pourra confirmer l’extraordinaire énergie qu’il y a dans ces instants.
C’est donc avec facilité que nous avons signé pour participer au défilé de l’école pour le carnaval de 2008. Et oui, mesdames et messieurs, laissez passer les artistes : « Sophie et Seb vont défiler sur le Sambodrome - É de arrepiar !!! ».
Nous avons choisi d’être en Lampião, ces voleurs du début du siècle qui semaient la terreur dans les campagnes, dans la Ala dos Artistas. Maintenant, il va falloir s’investir à fond : apprendre les paroles de la chanson, apprendre à mieux samber (cours deux fois par semaine), venir aux autres événements de l’école et participer aux défilés préparatoires.
Ça va être de la pure adrénaline, comme ils disent ici, une expérience unique ! Show de bola !
PS: Toute les photos ici.