Au Brésil, c’est une institution. Plus de 4 mois de préparation ! Le but est d’être le meilleur, le plus beau, le plus rythmé, le plus populaire pour gagner. Car le défilé au Sambodrome est une gigantesque compétition avec ses divisions et ses codes, et où chaque année un juri élie la meilleure école sur des critères techniques et estétiques.
À partir de septembre, les différentes écoles de Samba commencent les préparatifs : choisir leur hymne (chant et musique), préparer les chorégraphies (le défilé est composé de plusieurs groupes de danseurs), faire les costumes, monter les chars … pour être fin prêtes le jour J au défilé dans le Sambodromo.Les hymnes et chorégraphies sont choisies par des jurés au sein des propres écoles de samba (quadras), ce qui donne lieu à des semaines de démonstrations ouvertes au public, autrement dit des soirées (ensaios) endiablées !!
À la mi-octobre nous avons eut la visite de Tooff et Lib et le samedi 13 octobre, après une longue hésitation (sur le choix des écoles), nous décidons d’aller à la soirée de la communauté (autre terme pour dit favela) de Unidos da Tijuca au lieu de celle de Mangueira, beaucoup plus commerciale.
Après avoir pris un taxi qui se perd dans des zones peu fréquentables, charmante entrée en matière, nous voilà devant la quadra de l’école, hangar où elle a élu domicile. Une foule très populaire (comprenez très colorée) attend pour entrer. On se sent gringos et pas vraiment à notre place, mais en même temps on sent que c’est très authentique. La musique se fait entendre étouffée par le bruit de la foule ; on achète nos places et on s’immisce vers l’intérieur.
Plusieurs groupes de paroliers et compositeurs ont élaboré leur proposition en groupe de manière collaborative et ont été sélectionnés au cours des dernières semaines. Et ce soir là c’était la finale, avec 3 nominations qui se disputaient sur le podium. Quand un groupe arrive, la musique commence et c’est un groupe de plus de cinquante supporters (amis et famille) qui envahit la piste pour danser et chanser sur cet air pendant plus d’une demi-heure (ça nous laisse le temps d’apprendre le refrain…). Il faut montrer que pour le jour du défilé (environ 45 minutes par école) on saura tenir la route.
Plus la musique coule plus le rythme est sambé: ça devient très rapide, la danse l’est encore plus. Telle pris par une transe, les danseurs remuent des heures durant, de la tête aux pieds, tous les muscles participent. Ça doit être pour cela que les meilleurs danseurs et danseuses venant des favelas ont des corps de rêve, et oui il n’y a pas de mystère…
Le samedi 27, nous découvrons la soirée de Mangueira, l’école la plus connue, la plus « zona-sul », certes plus touristique mais très sympathique. Même sensation que pour l’école précédente, on se sent gringo pas à sa place. Cependant une fois payés les 20 reais de droit d’entrée, on ne voit pratiquement que des « blancs » (zona-sul=quartiers riches) dans le hangar, ce qui retire de l’authenticité à cette soirée … Mais après tout Mangueira a pris ce chemin commercial dès son début. Tout est une question de référentiel.
Ce soir là nous avons eut le droit pendant une heure à la même musique tout du long. La semaine précédente, la chanson avait été choisie. Le chanteur tourne en boucle sur les variations d’un orchestre au balcon et hurle dans deux micros. Je me demande s’il pouvait parler le lendemain.
Pour vous donnez une idée de ce genre de soirée, imaginez des milliers de personnes et vous, devant 30 percussionnistes en tout genre, c’est plus qu’attractif ! Alors à votre avis ça donne quoi quand il y a plus de deux cents percussions ? … c’est l’ambiance du Carnaval !!! On a hâte d'y être !
Pour nous ce sera dans pas trop longtemps… Mais je n’en dit pas trop… Une surprise de taille vous attend ; surveillez vos postes de télé.
PS: Pour les photos de Unidos da Tijuca, tapez 1.