18 décembre 2008

Niterói : marché São Pedro et chemin Niemeyer

On commence ce post par une touche d'humour... Savez-vous ce qu'il y a de plus beau à Niterói ? (ville en face de Rio) ... non ? ... Réponse : la vue sur Rio ... ah ah ah .. elle est bonne non ?

...

Arrivé à proximité du marché Saint Pierre de Niterói, patron des pêcheurs, déjà l’odeur prenante du poisson frais atteint vos narines et guide vos derniers pas.
À l’entrée, une statuette de Pedro (Pierre en portugais) semble bénir tous les visiteurs, comme les remerciant au nom de tous les poissonniers de venir jusqu’ici acheter le fruit d’un dur labeur.


À l’intérieur c’est l’effervescence, mais le mieux est encore de s’y aventurer avec calme, observant chaque étalage, s’imprégnant de chaque odeur et couleur. Certains semblent méditer devant les corps figés de tous ces poissons qui, il y a encore quelques heures, vivaient confortablement dans les fonds marins et qui viennent tout juste de se transformer en nourriture.


Quelques personnes semblent être conscientes de ce fait et choisissent minutieusement leur futur repas, surtout que nous sommes dimanche et que toute la famille communiera et passera un moment de convivialité autour de ce poisson qui, involontairement, a donné sa vie.
Les boxes illuminés par un mélange de lumière naturelle et artificielle recèlent de trésors des mers : poissons grands, moyens et petits allant de l’argenté au rouge vif en passant par le bleu ou le jaune : thon, dorade, saumon, sardine, anchois et d’autres que je n’avais jamais vu, mais aussi des pieuvres, crevettes, moules, langouste…
C’est déjà un plaisir pour les narines et les yeux… bientôt viendra l’extase du palais… mais pas encore !


Les poissonniers crient pour appâter les clients et chacun y va de son petit « jeitinho », assorti de blague ou phrase célèbre. Un vrai spectacle. Il faut dire que le carioca est un comique né, un artiste, un rigolo, toujours dans l’exagération… c’est un peu notre marseillais à nous !
Les mains manipulent la chaire, les couteaux sont affutés avant de trancher, couper, râper, cisailler, étriper… les balances attestent de la valeur de la transaction, l’argent change de main et tout ça dans la plus grande convivialité avec plein de sourires. On est au Brésil !

Il est encore tôt et la faim se fait timide. Nous décidons d’aller tirer quelques clichés au « chemin Niemeyer », non loin de là.
Le projet, initié à la fin des années 90, est composé de 3 bâtiments : un théâtre, un mémorial (au maire qui a fait le projet) et une salle dont nous n’avons pas compris l’utilité et qui n’est pas en fonctionnement (???).
Tout comme le mémorial d’ailleurs, qui devait être une salle destinée aux événements multimédia. Inaugurée en 2003, avec plein de matériel à l’intérieur, elle n’a encore jamais servi. L’esplanade tout en béton a très mal vieillie : les dômes blancs, caractéristiques de l’architecte centenaire, deviennent gris, la peinture se défait à certains endroits, les finissions (sur lesquelles on a dut faire des économies) ont été faites à la va-vite…


On a le sentiment, confirmé par un jeune guide de l’office de culturel de la ville, que tout cela est à l’abandon, plus par manque de volonté que d’argent. On a fait un beau projet, signé d’un grand nom du 1er art, pour montrer que l’on s’investit dans la culture mais juste en apparence. Les faits sont là. Depuis 5 ans que le projet est fini, rien de n’y passe !
Rajoutez à cela, que les alentours n’ont pas été finis et encore moins revitalisés. On se situe dans une zone semi-commerciale entre un shopping-center et un énorme Carrefour. Autour des 3 bâtiments il y a encore les clôtures du temps des travaux, pas de parking, aucun accès signalisé depuis la route la plus proche, l’entrée se fait presque par un grillage troué par lequel on doit se faufiler, il y a des restes de tôle et autres matériaux de construction, une ruine de bâtiment que l’on n’a pas fini de raser au début du projet…


En somme, rien n’est fait pour que les citoyens se saisissent de cet espace de culture. Pourtant l’endroit est idéal. Le projet est localisé au bord de la baie de Guanabara, face à Rio. D’ici on voit le Centro (quartier des affaires), le Pain de Sucre, le Christ et plein de morros. La vue est superbe, l’endroit idéal pour de belles manifestations culturelles et/ou publiques.
Seul point positif du projet, le théâtre, bâtiment principal, qui lui est en fonctionnement avec une programmation pertinente. Mais on nous confesse que très peu de gens viennent et que la plus part des personnes ne savent rien de cet endroit. Le service culturel de la ville met en place des ateliers gratuits pour des écoles ou centres d’intégration. Quelques compagnies de théâtre s’y produisent et parfois un concert d’une grande figure de la musique populaire brésilienne est organisé.

Ce triste scénario est portant une réalité assez fréquente au Brésil (et pas que dans la culture) où la volonté, les efforts et les moyens politiques ne sont pas dirigés là où ils le devraient ! Soyez heureux d’être français, sortez et bouffez de la culture… tant qu’il en est encore temps !

Après cette séance photo et débat, nous remercions ce gentil étudiant/fonctionnaire, avant de retourner déjeuner au marché Saint Pierre. Car à l’étage, juste au dessus des boxes, 3 restaurant préparent les produits locaux, ou même, cuisinent pour vous vos achats.
Aucun luxe, les tables et chaises sont en plastique, les nappes en papier mais ça ne compte pas. Le vrai luxe c’est de bien manger et être heureux ! Le vrai bonheur est simple et sous le divin regard de Saint Pierre !


Accompagnée de bières « stupidement » gelées, nous dégustons une bonne dorade avec des câpres, de la salade et du riz blanc. La discussion va bon train et nous ne voyons pas l’heure tournée. Le reste de notre programme sera pour un autre jour… Direction Rio et la fin de la journée à la plage !

PS: des photos de tout ça ? ... par ici

18 novembre 2008

La théorie des cycles

Ça faisait longtemps que vous n'aviez pas la chance de nous lire ! Et je m’en excuse.

La conjoncture de ces derniers mois n'ont pas été propices à l'écriture mais plutôt à la réflexion.

Je vous avoue que c'est aussi par manque de motivation et de temps mais encore plus car à mes yeux, il devient chaque fois moins évidant d'exprimer et de retranscrire sur le papier (aujourd'hui remplacé par l'écran de l'ordinateur) ce qui appartient maintenant au « quotidien » et qui s'est ancré en nous.
Tous ces aspects qui au début nous sautaient aux yeux, car nouveaux et différents, sont maintenant plus ou moins compris et assimilés, donc plus complexe à en faire saisir l’essence. Une description de certains détails de la vie brésilienne, que j'aimerais vous faire partager, serait forcement biaisée par mon moi altéré depuis mon arrivée et surtout incomplète. Notre vison a été profondément changé et certaines explications ne peuvent plus être transmises.

Après plus d'un an au Brésil, on répète des cycles que l'on a déjà traversé. La roue tourne emportant dans son sillon les quatre saisons (ici elles sont plutôt deux) qui reviennent, et avec elles des moments déjà vus et ressentis.

Je suis en plein dans cette phase ! De nouveau, c'est l'époque où les écoles de sambas s'organisent pour un autre carnaval, l'hiver se fini, le soleil revient, les plages sont de nouveau inondées de cariocas le week-end, c'est la saison de la chasse aux touristes qui commence, des missions professionnelles sont renouvelées...


Ce qui est intéressant et stimulant dans ce renouveau, c'est que mon regard sur le Brésil a changé et s'est façonné au gré des rencontres et expériences. L'universalité des sensations et la répétition des phénomènes suggèrent un changement de perspective. Tous ces signes qui se réitèrent n'ont plus le même sens et se montrent sous un autre jour, plus clairs, plus pertinents. L'esprit est plus réceptif, le regard plus attentif, on s’enrichie de nouveau et plus vite.
Comme le nouveau né qui voit chaque jour un peu moins flou, les contours de la personnalité et du caractère (la distinction entre ces deux notions est voulue) du Brésil se dessinent de manière plus nette. Les clés pour en ouvrir les différentes portes se font plus nombreuses, mais toujours est-il que je suis encore un bambin dans ce pays à 1000 facettes !

La théorie des cycles, contradictoirement aux premières idées qu’elle renvoie, est donc riche en surprises et changements, et n'est en aucun cas synonyme de routine. En parallèle, d'autres faits me donnent l'opportunité d'un regard différent sur le Brésil. Le référentiel de ces derniers mois, avec le retour de Sophie en France, s'en est trouvé profondément altéré, à notre grande surprise, de manière positive.
Un autre angle est survenu avec le changement de colocataires, à notre retour de vacances en juillet, qui a apporté une vague de fraîcheur et nourrit ma soif de connaissance et de partage avec des gens qui aiment en faire de même.

Je vis donc de nouveaux moments avec des connaissances du tout début, des moments déjà vus avec de nouveaux amis, et vis et versa.

L'effet produit est une inondation de mes 5 sens dans un flot de nouveautés. Ce bain extrêmement stimulant apporte quelques gouttes de mélancolie, car la rivière ne s'arrête pas de couler et bientôt je devrais reprendre un navire vers d'autres horizons avec le sentiment que ma gourde (sans fond ?) n'a pas entièrement été remplie. Mais avec celui encore plus heureux d'une nouvelle source à laquelle je boirai et qui fera jaillir en moi (et en nous) d'autres joies !



En attendant les prochaines photos de plages et d’eau turquoise, voici quelques images du coin… par ici !

21 juillet 2008

Pantanal: la nature à l'état brute

Il existe au Brésil, "un peu" au dessus de Foz do Iguaçu, une région qui abrite la biodiversité la plus grande et la plus dense au monde, tant au point de vue végétal qu'animal.
Le Pantanal est une vaste pleine parcourue d'innombrables cours d'eau, très marécageux, grande comme la France et qui se divise entre le Brésil, la Bolivie et le Paraguay.

Nous arrivons au milieu de cette région après plusieurs heures de van, puis quelques kilomètres de piste à dos de Jeep.


Plus nous nous enfonçons dans cette nature luxuriante plus les animaux nous apparaissent. La nature nous tend vraiment les bras, ou les dents !
Notre campement, où nous dormons sur des hamacs, se situe à côté d'une rivière, où se prélassent des jacarés (des petits alligators) et est entouré de forêt.


Ici, les oiseaux font office de réveil dès que les premiers rayons de lumières innondent les marais. Nous vivons au rythme de la nature. C'est donc avec le soleil que nous nous couchons; retour à des sensations presque oubliées pour nous, citadins cariocas ! La nuit le ciel brille de millions d'étoiles. Pas un bout de ciel sans étoiles: "ça me rappelle mon voyage au Maroc !", et ces inoubliables nuits à la belle étoile dans le Sahara.


En journée, des activités sont organisées par nos guides, Paulo et Alessandro, des locaux et surtout de véritables "Crocodile-Dundy" à l'oeil acéré comme l'aigle noir, le pied léger de l'aigrette, l'ouïe fine du jaguar tacheté et une grosse machette à la ceinture !

Pour découvrir les beautés et curiosités du Pantanal, nous marchons, naviguons en pirogue, chevauchons des étalons (pour le grand malheur de nos fesses) et pêchons le piranha (aucune prise ! dam'it).


Les eaux calmes et troubles nous laissent apercevoir des jacarés et quelques iguanes. Le ciel est empli d'oiseaux: martin-pêcheur, perruche, arará bleu et rouge, héron, cormoran, soco-boi, aigle, buse, urubú (vautour), aigle, caracará, toucan... et le fameux tuiuiú (prononcez tou-you-you, comme Les Bronzés), plus grand oiseau du Pantanal et son emblème.


Sur les berges et dans la forêt, nous pouvons observer des singes, tatous, hamsters, ratons-laveurs et des capivaras (plus gros rongeur de la planète). Notre seul regret sera de ne pas avoir vu de fourmilier et de "onça", le jaguar.

Suivre notre guide est une expérience extraordinaire. Tout semble si facile avec lui. Il est chez lui dans cette nature sauvage et brute, là où nous, pauvres touristes, nous nous perdrions au bout de 10 mètres.
Et puis la nature est belle et généreuse: il est très facile d'apercevoir des animaux dans ce calme et cet équilibre naturel, car ici, c'est nous qui sommes chez eux !


Après chacune de ces expériences fortes en émotions, et avant d'enchaîner sur la suivante, nous nous rassasions avec la délicieuse cuisine de Regina, la carismatique cuisinière du camp. Et surtout, nous faisons la sieste bercés par le champ des oiseaux et le bruit du vent dans les arbres.


Tout le monde respecte le calme de la nature. Sur ce point, il semble que l'homme s'adapte très bien à son élément originel. Chacun retrouve la sérénité qui sommeillait (plus ou moins) en lui. On apprécie de prendre son temps, d'écouter la nature, de l'admirer en silence. Cette méditation qui dure toute la journée calme tous les esprits et ressources nos centres énergétiques.


De plus, nous n'avions à nous soucier de rien, ce qui aide à vider sa tête. Tout d'abord parce que les guides nous assistent très bien: à quelle heure être près, comment s'habiller, quoi faire, quoi ne pas faire, et que nous n'avons pas de repas à préparer. Mais c'est surtout parce qu'au milieu du Pantanal, il n'y a aucun objet matériel qui simplifie ou complique (selon les points de vue) la vie, pas de contraintes, pas de soucis, pas de stress.

Il ne nous restait que le meilleur: vivre, savourer, admirer !


PS: de très belles photos de tout ça, par ici

29 juin 2008

Foz do Iguaçu

Vendredi aprem: sac à dos bouclés, chat déposé chez Sandra et Jérémie, au revoir fait à nos collocs Eva et Fred (qui dans quelques jours quitteront le Brésil) : nous sommes prêts à partir en vacances. Objectif: voir du pays pendant un mois !

L'euphorie des grands départs, celle que l'on a tous ressentis étant enfant quand on partait au ski ou quand enfin Noël arrivait, cette sensation est un peu ternie par les embouteillages monstres de Rio le vendredi soir. La tension monte. Allons-nous manquer notre vol ?
On mise sur les retards des vols brésiliens, un phénomène tout à fait normal par ici.
Mais il y a des exceptions qui ne confirment pas la règle. L'avion a décollé... sans nous !

Retour à l'appartement, Fred et Eva louent tous les saints qu'ils connaissent et nous partons à Lapa pour une énième dernière nuit de folie en leur compagnie.

Samedi matin, nous embarquons pour Foz do Iguaçu. L'aéroport "international" d'arrivée a des airs d'aérodrome de film d'espionnage. Notre aventure va commencer.


Foz do Iguaçu se situe dans l'état du Paraná, à l'extrême sud-ouest du Brésil, à la frontière entre le Brésil, l'Argentine et le Paraguay. Les chutes du même nom sont la principale attraction. Découvertes en 1542, les "cataratas" sont les 3èmes plus importantes chutes d'eau du monde avec 275 cascades, dont le plus grand nombre se trouvent du coté argentin.


Nous passons donc la frontière argentino-brésilienne et posons nos paquetages à l'auberge de jeunesse de Puerto Iguazu, avec un Z en espagnol comme Zorro !
Ce lieu est un carrefour de rencontres de polyglottes baroudeurs. Le cerveau se décape et entame une session de gymnastique idiomatique.

Le Parque National de Iguazu est un lieu magique. Nous aurons le plaisir de partager sa visite avec deux français et cinq colombiennes. 8h de ballades, de chutes d'eau et d'émerveillement à chacune d'entre elles.
Les yeux s'écarquillent progressivement devant les cascades qui grossissent plus on avance. Elles sont toutes entourées d'une nature épaisse, verte et sauvage.


La force de l'eau qui tombe en fracas est telle que l'air s'emplit de particules de H2O, comme un brouillard épais qui donne des airs de Jurassic Park à notre expédition.


L'apothéose vient après une marche sur les eaux calmes et plates du fleuve géant Paraná. La voici... la Gorge du Diable: un énorme "U" de 150 mètres de large et 80 de hauteur.

Imaginez une merveille de la nature face à laquelle vous débordez d'émotions.
Impossible de rester insensible !


À ce stade de ma narration, les superlatifs pour vous décrire ce que nos yeux ont captés et les sentiments éprouvés sont désuets. Mais je vais quand même essayer: époustouflant, majestueux, beau, puissant, étourdissant, impressionnant, inespéré, tranquillisant...

Comme disait Mc Solaar: " Le poids des mots et le choc des photos" (et des vidéos).




On se sent comme happé par la splendeur de Dame Nature si pure et ce gouffre gigantesque si brut.


Contraste avec cette vision: le retour à l'auberge se fait dans le calme et la méditation. Personnellement, je me suis senti tout petit en tant qu'être humain, si vulnérable par rapport à la nature. Et dire que je lui fait tant de mal par une multitude de petits gestes plus ou moins volontaires, plus ou moins consentis !

Cette expérience nous aura tous fait réfléchir, nous aura tous marqué. Une certaine harmonie règne entre nous. Une cène se prépare pour commémorer notre félicité d'avoir ensemble partagés ces moments. Demain chacun reprendra son chemin.

PS: plein de belles photos sur Picasa

18 mai 2008

Campagne pour la liberté de l’information ufologique au Brésil

Vous connaissiez déjà depuis longtemps ma passion pour l'ufologie. C'est donc tout naturellement, et avec une immense joie, que je vous annonce que je suis officiellement devenu le correspondant-Brésil pour le magazine français TopSecret Magazine.

Et voici en avant première, mon premier article qui paraîtra dans l'édition du mois d'août… en vente chez tous les bons buralistes !

...

Un groupe d’ufologues brésiliens a décidé de prendre les devants et de protester pour exiger la libération d’archives gouvernementales. Ces documents qui ont passé leur période de secret, sont pourtant encore maintenus cachés par l’Etat Fédéral.
Une vraie guerre pour la liberté de l’information entre civils et autorités, où la justice est le champ de bataille, et les témoins et lois, des armes !


Pour bien comprendre la situation actuelle, il faut revenir quelques années en arrière, en 1997, après la réalisation au Brésil du 1er Forum Mondial d’Ufologie. A cette époque, un groupe d’ufologues de tout le pays, soutenus par les fondateurs et coéditeurs du magazine brésilien UFO, le plus ancien au monde sur ce sujet, s’est réuni au sein de la Commission Brésilienne d’Ufologie (CBU).
A cette occasion, une lettre a été rédigée à l’attention du gouvernement fédéral à Brasilia, capitale du pays, revendiquant officiellement l’accès à plusieurs documents à caractère ufologique. Aucune réponse !

La situation est restée inchangée jusqu’en mars 2004, année où une grande campagne nationale est lancée, relayée par le magazine UFO et surtout par Internet. Toute la communauté d’ufologues du Brésil et de pays sympathisants s’est mobilisée, à tel point que les médias en firent la une de plusieurs journaux, suscitant ainsi un vif intérêt d’une partie de la population.
En plus de cette campagne, le groupe persévérant des ufologues de la CBU dépose plus d’une dizaine de sollicitations de consultation de documents, auprès des différents organes, de chaque ministère, en charge de la gestion, de la manutention et de l’archivage des dossiers classés secrets ; en particulier auprès des trois forces armées du pays. Ces demandes n’ont jamais abouti.

La même année, un scandale faisant intervenir l’armée de terre éclate. Des membres d’une base militaire de la région de Salvador, dans l’Etat de Bahia, brulent des documents classés, relatifs à l’époque de la dictature. Considérés comme documents historiques et touchant à une période difficile de l’histoire du pays, cet acte est très critiqué par l’opinion publique et les associations de droit de l’homme.
Cet événement va jouer en faveur de la CBU, puisque le gouvernement réagit en promulguant une loi qui contrôle et centralise les documents classés par chaque administration publique, évitant ainsi que des informations, dont celles à caractères ufologiques, puissent être victimes d’une censure.

Il est important de se rappeler, qu’à cette époque, seule une loi, peu détaillée et datant de l’ère de la dictature, régissait les accès aux documents classés secrets par le gouvernement. Les périodes de classification étaient très importante et prorogeables à l’infini de manière autocratique.
Il est certain que la pression exercée par l’opinion publique, lors de la première année de la campagne, et l’événement survenu à Salvador de Bahia, a incité le gouvernement à revoir sa législation.
La loi obsolète a donc été remplacée le 05 mai 2005 par la Loi 11.111/2005, qui a aussi créé le CAAIS, la Commission de Validation et Analyse des Informations Secrètes, l’organe de contrôle et de centralisation des documents classés.
Le CAAIS est composé du ministre de Casa Civil, équivalent du premier ministre en France, du Ministre de la Justice, de celui de la Défense, des Relations Extérieurs, du président du Bureau de la Sécurité Institutionnelle, de l’Avocat Général de l’Union et du président du Bureau des Droits de l’Homme.

Quelques jours après l’entrée en vigueur de la Loi 11.111/2005, la campagne eut un autre résultat très enthousiasmant pour les ufologues. Le 20 mai 2005, quelques membres de la CBU ont été invités par le Ministère de la Défense à visiter les installations militaires du 1er Centre Intégré de Défense Aérienne et Contrôle du Trafic Aérien (CINDACTA 1) et du Commandement de Défense Aérospatiale Brésilien (COMDABRA).
Après la visite, trois chemises du dossier classé de l’Opération Prato (principal dossier ufologique du pays, voir plus bas) ont été révélées, prouvant ainsi que l’armée détient bien des documents d’enquête sur les phénomènes aériens non identifiés !

La CBU devant le siège du COMDABRA à Brasilia

En interview, le 18 mai 2008, Fernando Ramalho, fonctionnaire du Congrès National du Brésil, membre de la CBU et principal responsable du Dossier UFO Brasil, se souvient : « Pendant la visite du COMDABRA, un des militaires présents, nous affirma qu’il existait, rien que pour l’armée de l’air et tous sujets confondus, près de 14 tonnes de documents classés dans tous le Brésil. Ces documents vont devoir être filtrés par le CAAIS récemment créé pour être ou non libérés ». Les documents relatifs à des cas ufologiques ne doivent représentés qu’une petite partie de toute cette information mais il est certain qu’ils existent et que donc des phénomènes sont vécus par les membres de la FAB, la Force Aérienne Brésilienne.

Cette visite a conforté le mouvement et a nourrit chez les ufologues l’espoir qu’un vrai dialogue entre armée et civils venait d’être initié et que d’autres pas serait effectués dans ce sens. Malheureusement après quelques temps d’attente sans nouveaux signes et sans dialogue, la CBU comprit son illusion et décida qu’il était plus que temps de réclamer ses droits de manière légale.

En interview, Marco Antonio Petit, membre fondateur de la revue UFO, soutient que « ce mutisme est normal, personne à la FAB ne veut se compromettre ouvertement mais beaucoup sont ceux qui pensent que des dossiers méritent d’être étudiés attentivement ».

Marco Antonio Petit


Selon la Loi 11.111/2005, trois types de dossiers classés existent : les dossiers dits Ultra-Secrets sont gardés pendant 30 ans sans pouvoir être consultés, les dossiers Secrets 20 ans, les dossiers Confidentiels 10 ans et les dossiers Réservés 5ans. Les dossiers peuvent voir leur période de secret être prolongée seulement après consultation d’une commission spéciale, limitant ainsi les abus.

Partant de ces données, tout cas à caractères ufologiques, étudié et faisant intervenir les forces armées, et antérieurs à 1977 devraient donc être consultables à partir du premier janvier 2008. Ce fait est des plus importants pour les ufologues brésiliens, puisque cela rendrait public les rapports sur l’Opération Prato de 1977 (voir plus bas). La loi permettrait aussi d’avoir accès au fameux cas de Varginha de 1996 (voir plus bas) connu comme le Roswell brésilien.

Mais, malgré ces spécifications, aucune demande de consultation n’a à ce jour été traitée jusqu’au bout. Tous les processus entamés se sont perdus, sans explications, dans les méandres de l’administration.

En décembre 2007, à l’aide de plusieurs juristes et avocats, le Dossier UFO Brasil de 66 pages a été déposé par la CBU et enregistré au Palácio do Planalto, siège du gouvernement à Brasilia, à l’attention du ministre de la Casa Civil. Sous forme de requête, le document a pour principal objectif l’application de la Loi 11.111/2005 qui régit les archives secrètes du pays et lance un appel pour la création d’un organisme mixte d’étude des phénomènes aériens non identifiés, à l’image du GEPAN que les brésiliens nous envient beaucoup.

Le dossier est donc un recours à la loi qui n’est pour le moment pas appliquée, et à été porté à l’un des plus hauts niveaux de l’appareil gouvernemental. De manière synthétique le dossier se divise en trois parties, en 3 argumentations, rédigées pour convaincre les membres du CAAIS.
La première partie revient sur les principaux cas connus du public depuis les premiers rapports du genre, établis à partir de 1954. Les cas décrits sont surtout des affaires faisant intervenir des civils et les corps de l’armée. Certains des cas ont été étudiés par le SIOANI, le Système Investigation des Objets Aériens Non Identifiés, organisme de la Force Aérienne Brésilienne, qui fonctionna de 1969 à 1972.
Dans la seconde partie sont présentées toutes les mesures prises par le pouvoir Exécutif et Législatif pour définir et réglementer ce que sont des documents classés secrets, comment ils doivent être traités et comment ils peuvent être consultés. C’est dans cette partie que se trouve l’argumentaire juridique de la requête pour faire valoir les droits des citoyens.
Enfin, la troisième partie liste les principaux dossiers connus qui selon la loi devraient pouvoir être consultables et qui sont pourtant encore tenus à l’écart du public.

Avec une nouvelle pression d’une partie de l’opinion publique et ce recours offensif, la CBU pense qu’elle aura accès aux dossiers demandés puisque il en va de l’application direct de la loi. Cependant, si les autorités se refusaient à répondre de leur devoir dans les délais fixés par la législation, le dossier serait transmis au STF, équivalent du Conseil d’Etat en France. Dans ce cas le CAAIS devra s’expliquer et justifier sa décision.

« Le dossier ne manque de rien ! Mais nous avons envisagé toutes les possibilités », souligne Fernando Ramalho, en charge du recours.

Le Brésil a souvent été par le passé, et encore de nos jours, le terrain d’intenses activités ufologiques. La population, contrairement à l’Europe, perçoit ces faits sans trop de peur et de gêne. Témoins de l’importance du phénomène au Brésil : le magazine UFO, précédemment cité, qui est tiré à 30 000 exemplaires tous les mois et le Centre Brésilien de Recherche sur les Disques Volants, le CBPDV, plus importante association d’ufologues qui compte 3 300 affiliés. On retiendra aussi le fait que le Brésil accueille le salon mondial de l’ufologie dont la 2ème édition s’est tenue en novembre 2007.
Les langues des brésiliens se délient très facilement et les médias s’emparent souvent de témoignages qui viennent ponctuer les plus grands journaux télévisés. En outre, le Dossier en cours a largement été relayé dans les médias et même par Globo, conglomérat géant de communication (journaux et télévision).

Le Dossier UFO Brasil sera sans doute un combat difficile et de longue haleine mais les expectatives sont plutôt optimistes. La lecture de ces dossiers très importants et révélateurs sera sans précédent et permettra à la communauté ufologique internationale, de faire un grand pas dans la compréhension des phénomènes aériens non-identifiés.
Comme il semble être le cas, la quantité d’information libérée à traiter serait colossale mais Fernando Ramalho nous affirme que « toute la communauté ufologique sera mobilisée, couvrant toutes les disciplines nécessaires à la compréhension du phénomène ».

Le processus entreprit par la CBU suit son court, passant d’un service du gouvernement à l’autre. D’ailleurs, chacun peut suivre de prés l’évolution du dossier grâce aux numéros des protocoles rendus publiques sur le site du magazine UFO.
Fernando Ramalho appelle chaque jour les différents cabinets ministériels. La pression exercée est telle que les interlocuteurs montrent des signes de compréhension et prennent d’eux même les devants sur certaines actions.

« Le recours initial est complété par des demandes annexes afin d’aider le dossier à avancer plus vite dans les administrations », ajoute Fernando à propos de son travail.

En effet, afin de donner une meilleure compréhension à la demande faite aux ministères qui seraient tentés de traiter le dossier à la légère, des recours annexes sont régulièrement enregistrés pour, par exemple, solliciter des audiences de la CBU auprès des membres du CAAIS. Le but est d’établir un dialogue et de démontrer la motivation des ufologues ainsi que l’importance de l’enjeu pour toute la société scientifique et publique.

Actuellement la seule certitude est que le dossier a été reçu par les différents ministères qui composent le CAAIS et que des demandes d’informations et d’analyses circulent entre la Casa Civil, responsable du dossier et les administrations concernées.
Il semblerait qu’une demande de libération de quelques dossiers mineurs a été engagée pour le mois de juillet afin de calmer l’impatience de la CBU. Cependant, pour les principaux dossiers, aucune réunion des membres du CAAIS n’a encore été convoquée.

« Le Brésil comme pays moderne et démocratique devra s’aligner à la tendance pour une plus grande transparence et efficacité dans l’étude des UFOs » remarque Marco Antonio Petit. Beaucoup de nations ont déjà reconnu que le phénomène est étudié par un organe publique, comme la France, pionnière dans ce domaine, mais aussi l’Espagne, le Chili, la Belgique, le Pérou, le Mexique et très récemment le Royaume-Uni qui vient de libérer une partie de ces archives.

Ce combat est avant tout une lutte pour la liberté de l’information du peuple sur les agissements du gouvernement, défendant ainsi un droit inaliénable stipulé dans la constitution brésilienne.

Cette action exemplaire mérite d’être soutenue par tous et d’être initiée dans les pays qui n’ont pas encore libérés leurs archives !

Rappel sur l’opération Prato

De septembre à décembre 1977, en Amazonie, l’armée de l’air a engagé une série de recherches sur des manifestations ufologiques obtenant de surprenantes informations et des enregistrements vidéo à propos de la nature des engins non-identifiés qui ont été vus par la population locale.
En effet, à plusieurs reprises des habitants de la région de Colares, dans l’état du Pará, ont été terrifiés par des apparitions.
L’affaire a d’abord été traitée comme une question de sécurité nationale, puisque les militaires pensaient à une intrusion américaine ou à des mouvements des rebelles locaux qui agitaient la région. Mais les observations ne sont jamais arrivées à aucunes de ces conclusions.
Le poste de santé du village a soigné plusieurs personnes qui avaient été brulées par « d’étranges lumières venant du ciel ». La population, souvent pauvre et analphabète, a crue à une attaque du Diable et, prise de panique, s’est souvent réfugié dans l’église.

En 1997, le commandant de l’opération, le Capitaine Hollanda, concéda une interview au magazine UFO dans laquelle il raconta les opérations effectuées et avoua avoir filmé le déplacement d’étranges petits engins, apparentés à des sondes, mais aussi de gigantesques vaisseaux. L’opération fut aussi chargée de recueillir les témoignages des villageois et calmer leur état de panique.
Trois mois après l’interview, Hollanda fut retrouvé mort à son domicile. Un rapport officiel statue sur un suicide.
Cette opération militaire est sans aucun doute la plus spectaculaire dont la population soit au courant et dont un membre officiel des autorités militaires a reconnu les faits.

Rappel sur le Cas de Varginha

Le 20 janvier 1996, à Varginha dans l’état du Minas Gerais, la population a aperçut d’étranges phénomènes. Cette apparition a été très médiatisée par la chaine Globo et constitue le cas le plus célèbre du Brésil, mais qui est souvent mentionné comme étant une plaisanterie.
Un objet gris duquel émane une épaisse fumée blanche a été aperçu à 10km de la ville, se dirigeant vers le sol, comme étant en péril. Peu après plusieurs personnes ont dit avoir vu deux créatures à la peau marron, avec des yeux rouges énormes et trois protubérances sur le crâne.


Juste en suivant, la Police Militaire et des Pompiers sont arrivés. Après une heure de recherche, et plusieurs tirs entendus au loin, les civils ont affirmé avoir vu revenir la police avec une caisse et un sac de joute semblant contenir des êtres vivants.
Le cas de Varginha a été relayé par d’innombrables médias, mais les forces de sécurité ont toujours nié leur implication dans cette opération, alors que plusieurs militaires sont morts d’étranges infections pour avoir été en contact rapproché avec l’hypothétique engin et ses occupants. Beaucoup de famille ont posé des recours en justice pour obtenir de l’armée qu’on leur remette le corps du proche défunt et que l’on fasse la lumière sur ce qui s’est réellement passé. Mais aucun résultat n’a encore été obtenu dans ce sens.
Par ailleurs, il semblerait qu’après l’événement un accord entre le Brésil et les Etats-Unis a été signé, pour intensifier les recherches spatiales. Après cette alliance, il paraitrait que l’hypothétique vaisseau et ses occupants ont été récupérés par l’armée américaine.

20 mars 2008

Les cloches à Buenos Aires

Pâques et mon visa expiré seront nos excuses pour traverser la frontière brésilo-argentine.
Nous voilà partis pour 5 jours en Argentine, dans la capitale la plus européenne d’Amérique Latine. Nous sommes gentiment accueillis à 4 heure du mat’ par Romain et Raphaëlle, à BA depuis juillet 2007 et amoureux de Rio, mais avec quelques nuances concernant les argentins !


BA pour nous, aura été une bouffée d’air frais : des parcs où se poser des heures et des heures, buvant un maté, des petites rues où flâner, des terrasses, de la viande délicieuse, et du bon vin. Au détour d’une rue on a l’impression de se retrouver à Paris face à ses immeubles haussmanniens, les jeunes « fashions » ressemblent à ses invétérés de la tektonik (d’ailleurs il y a un marché à prendre pour ceux que ça tente).


Pourtant l’Argentine est bien présente avec son caractère latin : un couple danse le tango sur une place à San Telmo, le quartier des antiquaires, les garçons sifflent et matent sans scrupule les filles, des cafés ont troqué leurs comptoirs pour laisser des jeunes créateurs vendre leurs produits le week-end à Palermo et tout le monde boit du maté.


Le maté est LA boisson d’Amérique Latine, bu froide avec de la limonade au Brésil, chaude et naturelle en Argentine, Paraguay, Bolivie, Uruguay … Le concept est simple : où que vous soyez vous avez un thermos d’eau chaude (attention température idéale : 70° sinon on brûle l’herbe), votre plante, la yerba maté et la calebasse, courge vidée pour créer un récipient.
Vous mettez l’herbe dans la calebasse, vous y versé l’eau chaude puis vous buvez, chacun son tour ainsi de suite. Il y a toute un rituel : une personne prépare la calebasse et la passe aux personnes successivement, le seba, la position de la paille, appelée bombilla, l’orientation de l’herbe. Attention on devient vite accroc à ce brevage sympathique et communautaire !

Celeste et Safia

Accompagnée d’une amie argentine de Safia (sœur de Mariam notre colloc) Celeste, nous découvrons d’autres quartiers de ville. Nous n’avons pas manqué l'Avenue la plus large du Monde, avec 110 mètres ! La grande fierté des Argentins et encore plus des habitants de Buenos Aires ! "L'Avenida 9 de Julio" : hommage supplémentaire à l'indépendance du pays en 1916. Les Champs Elysées, à côté, n'ont qu'à bien se tenir ! La construction de cette majestueuse Avenue a nécessité la destruction de 25 blocs d'immeubles (je vous rappelle qu'un "bloc" c'est environ 100 mètres). En fait, il fallait absolument décongestionner la ville, car la circulation y était impossible. Projet mégalomane, s'il en fût, rétrospectivement c'est une grande réussite.
Nous déambulons vers la « Plaza de Mayo » dans un quartier du centre historique de la ville, « Montserrat ».


À l'est de la Place, on peut voir la Casa Rosada, actuel siège du Pouvoir Exécutif du pays, en un endroit où auparavant on pouvait admirer le vieux fort. Vers le nord de la Plaza de Mayo se trouve la cathédrale métropolitaine, qui occupe le même lieu depuis l'époque de la colonie, et l'édifice de la Banque de la Nation Argentine.
Et pour terminer cette expédition, direction Puerto Madero, nouveau quartier en pleine expansion. Ces anciens docks du Rio de la Plata ont été complètement réaménagés pour y accueillir restaurants et bars. Ce nouveau lieu branché de la capitale argentine attire tout autant les Porteños que les touristes.

Pour ceux qui seraient fan du Père Lachaise et des terrasses de café, Buenos Aires est pour vous : le quartier de Recoleta a son fameux cimetière aussi. Il y accueille entre autre la dépouille de la célèbre « Evita », Eva Duarte, épouse du Colonel Juan Domingo Perón qui devient président et dictateur le 26 février 1946. Vous découvrirez aussi tous les noms des rues de la ville, comme quoi ces grandes familles sont très connues.



Pour compléter en beauté notre séjour, Celeste, notre merveilleuse guide nous convie à un très convoité « assado » (barbecue) dans une maison de campagne à Tigre.


Tigre est une petite Venise, version rurale. La ville est située sur un estuaire parsemé d’îles. La circulation se fait donc nécessairement en bateau. Chaque maison à donc son propre arrêt de bateau bus au bout de la jetée.


Nous voilà donc au milieu de nulle part, papotant avec des argentins forts sympathiques, sirotant du vin en attendant que les morceaux énormes de viande cuisent. L’attente en valait la peine (valeu a pena comme on dirait ici) : la viande fond dans la bouche, elle est parfaite, meilleure viande de ma vie ! Les mots seraient dérisoires pour décrire à quel point la viande argentine est extraordinaire !


Le plein d’énergie fait, le jour du départ est déjà là. Nous faisons un petit stock de « dulce de leche », de alfarrores (gâteaux délicieux). Je serais bien restée quelques jours encore, mais bon retour à Rio (vu comme ça, ça va), il y en a qui bossent …


PS: Plein de photos.. par ici !

17 février 2008

Picinguaba

Vous connaissez tous ce sentiment de vouloir fuir parfois les grandes villes, ce besoin de se retrouver en osmose avec Mère Nature. Afin de satisfaire une telle envie, nous voilà partis, 5 petits français, en direction de Picinguaba.
A 5 heures de route de notre chez nous, ce petit village de pêcheur est situé de juste après l’autre côté de la frontière de l’état de Rio de Janeiro, dans l’état de São Paulo.


Nous arrivons tard dans la nuit dans ce charmant bourg : deux bars, deux restaurants, pas de banque, pas de pharmacie et pas de réseau téléphonique… De jeunes autochtones nous accueillent et nous servent de guide pour trouver notre maison perdue en haut du village. Une fois nos affaires déposées, nous descendons sur la plage, le temps pour Vincent de faire un petit saut dans la mer, bain de minuit en sunga (nous pas très courageux, on l’a juste regardé) et nous voilà parti avec Morphée !


Le lendemain matin, le temps n’est pas spécialement exceptionnel, cela donne un côté assez surnaturel au port et aux plages. Mais derrière les nuages, on sent que le soleil est bien là.
L’objectif est d’aller découvrir Praia Brava, sur le chemin, après avoir franchi la rivière sur une planche de surf manoeuvrée par un gamin, nous traversons l’immense plage da Fazenda, plus de 4 kilomètres d’étendue de sable, à perte de vue, plat, plat, plat


Après une petite sieste à l’ombre d’un arbre, et d’une longue baignade dans une eau chaude, nous repartons à l’aventure : la forêt tropicale. Quelle idée de mettre des plages de l’autre côté de la forêt. Quelle horreur !!! Des bêtes dans tous les sens, des toiles d’araignées et moi qui suis en éclaireur … « à 15 minutes de marche ! » qu’ils disaient… à d’autres, hein !! Mais la récompense vaut le drame, « valeu a pena » comme on dirait ici : une plage déserte, petite, pleine de gros rochers parfaits pour une seconde sieste. Cette plage s’appelle « Praia das Conchas » car elle est remplie de coquillages pour le plus grand bonheur de Giliane et Sophie (une amie de Giliane en vacances !).
Je redoute le retour : retourner dans cet amas d’étranges bestioles et de plantes qui coupent. Heureusement que le retour est toujours plus rapide que l’aller. Nous retrouvons notre merveilleuse et gigantesque plage, sous une lumière de fin de journée digne des plus grands éclairages de film, un dernier bain s’impose.
Un grand bol d’air, quelques bons kilomètres dans les pattes, ça crève. Du coup on ne fait pas long feu le soir : un bon apéro avec une caïpirinha, un dîner et hop ! au dodo.


Dimanche matin, on se fait avoir par le changement d’horaire mais à notre profit, du coup on gagne une heure pour glander après le petit-déjeuner. Au programme de la journée, les apprentis Robinson que nous sommes partent à la découverte des petites îles en face du village. On nous emmène en bateau à l'île du chou, enfin j’ai envie de dire en barque à moteur.


Attention ! Nous arrivons au paradis : des eaux turquoises et claires, des fonds marins merveilleux (même si moi je n’y ai vu que des sergents, un poisson lune et des oursins…), du soleil, du sable blanc et fin, et 15 personnes sur la plage (dont 3 français en plus de nous, c’est fou ils sont partout). Un seul mot nous vient à la bouche : wahou !!


Nous passons la journée à patauger, papoter, nager, se rouler dans le sable, manger, bouquiner, siester, snorker … farniente quand tu nous tiens, quel bonheur ! La journée passe, les 3 courageux que sont Giliane, Vincent et Seb terminent par une ascension de l’île pour y découvrir la jolie vue.
Le temps de rentrer se doucher, ranger, une dernière caïpirinha et nous voilà repartis sur la route de Rio.

Bon bol d’air, des paysages à vous couper le souffle, c’est cool les week-ends hors de Rio !
C’est marrant parce qu’en en discutant on remarquait qu’on bouge beaucoup plus les week-ends depuis qu’on est au Brésil. Donc certes, il y a un paramètre financier : ça revient moins cher de voyager aux alentours de Rio que d’aller passer un week-end à Barcelone ou à Lyon. Mais il y a aussi le fait que notre temps au Brésil nous est compté, ça motive. Et oui, on ne reste qu’à peine deux ans … on ne peut plus se dire « ah c’est pas grave on le fera plus tard ! » La bonne excuse pour se faire des petits voyages, non ?
Cependant je vais essayer de me dire la même chose une fois de retour en France. Une auberge de jeunesse, des sandwiches, j’oublie le petit pull trop beau remarqué chez Zadig et Voltaire et hop me voilà en Corèze, à Nice chez Boris, à Avignon chez Jérémie, à Bordeaux chez Claire, à Mainz chez Jo... Après tout le temps nous est compté tout court, non ? Alors faut essayer de voir du pays le plus possible !

PS: des photos de tout ça ? ... ici

3 février 2008

Exécution de la liberté

A force de vous bassiner avec notre école de samba vous n’allez plus venir lire ce blog. Mais qu’à cela ne tienne, je fais face aux critiques qui m’assommerons et assume l’emprise que Viradouro a sur mon esprit et mon corps.

Je ne peux résister à vous conter les faits qui ont marqués la semaine avant le carnaval : un char de Viradouro représentant l’holocauste a été interdit par mandat judiciaire de la Fédération Israélite de Rio de Janeiro le 31 janvier 2008… 4 jours avant le défilé ! Notre « carnavalesco » (metteur en scène) est très réputé dans le domaine tant par sa créativité que par son discours et ses innovations dans cet art.

C’est vrai que dans un lieu où l’on est plus habitué à voir des plumes et des paillettes, on peut penser que parler de ce fait horrible n’est pas adéquate. D’autant plus que la représentation choisie était trop figurative : un tas de corps avec au dessus un Hitler tête baissée comme pour dire qu’il a honte de ce qu’il a fait.
Cette vision peut choquer et donne froid au dos. Le thème « arrepiar », bien qu’étant gentil lorsque l’on parle du froid ou des films d’horreur qui donnent des frissons, se veut aussi plus sérieux.


Il me semble, qu’une représentation plus abstraite aurait surement fait moins de vagues ! L’intention n’était pas de choquer ou être irrespectueux.
Mais dans tous les cas, les raisons apportées pour bannir ce char et surtout la manière employée sont dignes d’un sabotage et c’est pour ma part une atteinte à la liberté d’expression qui est à condamner.

Freiner la liberté d’expression cultive un terrain fertile à la prolifération de la violence, du désespoir et de la brutalité. Personne ne devrait avoir le droit d’occulter les faits. La prohibition sommaire de l’expression artistique est le premier pas vers un dangereux précipice. Détruire un char allégorique c’est tout comme brûler des livres ou censurer un film. L’holocauste a souvent été montré dans des films, des livres, des œuvres d’art… mais on n’aurait pas le droit d’en parler lors d’une fête populaire ?
Et ce qui me dégoute, c’est que derrière cette décision arbitraire se cache la médiocrité, l’impossibilité de vaincre la force des idées sans passer par la force. Il faut vous dire que le démontage ou plutôt la destruction du char sur son lieu de fabrication a été des plus musclée !

Le Carnaval a par le passé dénoncé, mis en avant des idéologies, combattu des préjugés. Avant scène des luttes pour la liberté, le Sambodrome a déjà montré l’oppression contre les noirs et les indiens, la résistance des migrants du nordeste contre la pauvreté, des sagas de héros tués en martyres par les balles de la démocratie… et la liste ne s’arrête pas là !

L’holocauste n’a pas seulement atteint les juifs, marquant aussi la vie de communistes, d’homosexuels, de tsiganes, de déficients mentaux et physiques et d’intellectuels qui étaient contre le régime d’Hitler ou bien juste différents de la « normalité imposée ».

Face à la censure, Paulo Barros, le créateur de notre défilé, a ainsi remplacé le char censuré par une autre allégorie représentant l’exécution des libertés qui sont la conséquence d’idées préconçues et d’intolérance, protestant ainsi contre toute forme d’extermination de vie et de liberté.


On ne construit pas l’histoire de l’humanité seulement avec des faits plaisants. Les cicatrices de l’âme sont les meilleures protections contre de nouvelles blessures !

J’attends avec impatience vos commentaires sur ce sujet délicat.

Sinon, pleins de photos de notre défilé et celui des autres écoles sur Picasa.


Défilé au Sambodrome

Nous y voilà ! Le jour tant attendu est arrivé. Nous allons défiler !!! Matinée tranquille et après-midi pépère (un mini bloco) pour garder des forces. Le trac monte depuis quelques jours et surtout aujourd’hui. C’est le premier soir du défilé des grandes écoles : la première division. 12 écoles s’affrontant sur deux jours (6 par soir) pour remporter le titre tant convoité durant toute cette année de préparation !

Rendez-vous chez Sandra, Jérémie et Delphine avec qui nous défilons. Ils sont déjà en tenue et maquillés par des amis et parents. Nous, on se trimbale nos costumes dans un sac poubelle, on ne veut pas passer 5h à attendre dans des habits super chauds ! Malgré cela, nous avons quand même le droit à notre touche de doré et de paillettes sur la bouille. Départ en taco pour Niteroi !

Nous rejoignons les autres membres de notre allée : 100 autres personnes, qui auront le même costume que nous : la vraie bande de Lampião! On a le droit à un petit cocktail pour faire descendre le stress, des petits-fours… On est chouchouté : mon pantalon de costume perd son élastique et il est réparé dans la minute par la confectionneuse en personne. Je suis impressionné par tant de dextérité. Sous la technique de ses doigts habiles, l’épingle à nourrice trace le sillon pour que l’élastique reprenne sa place. Ça y est je ne perds plus mon futal !

Petit mot du président de l’aile et prière. Bon, là je vous avoue qu’en tant que petits français que nous sommes, habitués à un Etat laïque, nous nous sommes regardés dans les yeux tous écarquillés. Petits sourires en coin, mais on respecte. Nous faisons partie de la chaine, nos mains servant à faire passer le fluide. Puis tels des enfants partant en colo, nous montons dans des bus spécialement affrétés pour nous (c’est ça de défiler dans une aile « commerciale »). Le trajet est des plus joyeux, voire gai même. L’alcool nous aide à pousser la chansonnette. Et puis on arrive au Sambodrome.

Nous voilà dans la “concentração”, l’avenue où chaque école, l’une après l’autre, se prépare avant de défiler. Il est déjà tard : nous sommes les derniers de ce soir : début du défilé prévu à 02h00 !

Le stress est encore là, et comme toute énergie, il ne disparaît pas mais se transforme en euphorie. Nous voilà tous habillés. Autour de nous les autres font de même, on voit passer tous les différents costumes : Freddy, Chucky, les cafards, les chaises électriques, les guillotines, les Edouards aux mains d’argent, les hommes et femmes dorés, les bahianaises en igloo, les mains, les bouches, les punks, pingouins… tout se qui rentre dans le thème des frissons. Chacun se prépare et aide son voisin. Les backstage sont un spectacle magnifique, nous sommes comme des gosses devant la parade de Noël. Les chars se découvrent peu à peu de leurs bâches. Cet énorme désordre se met en place petit à petit. On a peine à croire que tout va être en ordre.


C’est génial de vivre l’envers du décor, de faire partie de cette organisation monstre, tout ça depuis plusieurs mois et juste pour 1h20 de défilé. Je suis très ému ! Mon rôle est petit mais tout de même important, un peu comme dans mon passage sur terre. Je ne suis qu’un sur plus de 6 milliard d’humanoïdes mais tout aussi important que n’importe qui car j’interagie avec les autres… euh ! Je disais quoi ?

Voilà, ça vient d’avancer pour la première fois. D’abord un mètre, puis deux. Le défilé vient de commencer avec un grand feu d’artifice de plusieurs minutes. Nous ne sommes plus qu’à 10 mètres de l’entrée du Sambodrome. Tous les Lampiões dansent. Derrière nous, la bateria casse la baraque, avec en tête Juliana Pães, notre reine. Nous serons au centre de toutes les attentions !

Entrée dans le Sambodrome, l’espace d’une fraction de seconde j’ai l’impression que le monde entier s’est arrêté. Premier regard sur l’ambiance et le cerveau est déjà saturé d’informations. Tout va très vite : le public est hystérique, y’a du mouvement partout, des sourires, des cotillons argentés, ça crie, ça chante, ça danse, ça saute dans tous les sens, nous avançons pas à pas tout en chantant notre hymne et gesticulant, on voit nos amis dans le public : ça fait trop plaisir ! Notre petit cœur bat à mille à l’heure et est rempli de bonheur. C’est un pur moment de folie, de magie, d’ivresse, il faudrait inventer un mot dans le dico pour décrire tout ça ! 40 minutes d’extase !

Ça y est ! On l’a fait ! Truc de ouf comme on dit chez les djeuns ! Une expérience hallucinante. On a l’impression quand on défilé devant ce public fou de joie que l’on est le centre de tout. Je me suis senti une vraie rock-star. Wahouuuuuuuuuuuuu !!! J’en veux encore… faudra attendre 2009.

Petite bière à la fin du Sambodrome. Le jour se lève. Il y a des cadavres de costume partout. Taxi. Nos jambes sont lourdes. Les paupières aussi. Comme des mômes qui auraient passé leur journée à EuroDisney, nous nous endormons, pleins d’étoiles dans la tête.

Lampião... mais qu'est-ce que ça peut bien être ?

Ce week-end c’est le Carnaval : moment tant attendu ! La pré-chauffe de la semaine dernière nous avait impressionnée et mis l’eau à la bouche et plus souvent de la cachaça !

Je vous avais décris dans mon dernier article l’ambiance des blocos, ces fanfares folles qui arpentent la ville au son des percussions et des cuivres. Aussi, j’avais évoqué brièvement qu’un autre carnaval se déroulait à la nuit tombée au Sambodrome : le défilé des écoles de samba.
A force de répétition vous avez dut comprendre que nous faisons partis de l’école de samba Unidos da Viradouro ! et que notre costume, notre « fantasia » est le « Lampião ».


Nombreux ont été les curieux qui se sont posés des questions sur ce personnage du folklore brésilien. Ceux là vont être ravis à la lecture de ce post, les autres aussi je l’espère.

Tout d‘abord un récapitulatif du pourquoi de ce costume. Notre école a choisi de défilé sur le thème de « arrepiar » : frissonner. Les paroles de notre chanson, les chars allégoriques, les costumes, tout doit faire allusion à cette sensation : du froid au film d‘horreur en passant par l’amour. Et donc logiquement les histoires populaires qui font intervenir des personnages qui inspirent la peur dont le Lampião (prononcer L’un-pi-un-on).

Ce personnage est une figure légendaire. Né en 1900, tout rond, de son vrai nom Virgulino Ferreira da Silvia, il fut le chef de la principale bande de Cangaceiros (des bandits paysans) du Nordeste entre 1920 et 1938, année de son exécution.



La région du Nordeste, pauvre en eau, riche en cactus et végétation sèche, est l'une des plus anciennes régions habitées du Brésil et elle reste aujourd'hui une des moins développées. L’éducation y est rudimentaire et la société locale est dirigée par les grands propriétaires terriens qui sont par-là même, les hommes politiques locaux.

Le "cangaço " est en fait un banditisme social. Deux termes que l’ont n’a pas l’habitude de regrouper mais qui peuvent s’associés dans certains cas.
Le bandit social est en général membre d'une société rurale et, pour diverses raisons, considéré comme proscrit et criminel par l'État et par les grands propriétaires. Malgré cela, il continue à faire partie de la société paysanne dont il est issu, et il est parfois considéré comme un héro par cette société, qu'il soit un justicier, un vengeur, ou quelqu'un qui vole les riches.

Mais comment en arrive-t-on à vouloir tuer les forces de l’ordre et voler les plus riches pour redistribuer aux plus démunis ? À mon avis, le pas à franchir est plutôt simple quand, à 19 ans et fils aîné d’une famille nombreuse, on voit mourir son père, tué par la police pour avoir critiqué le politicard qui avait volé sa terre en toute impunité.

Lampião est donc très rapidement devenu, selon les points de vue : un justicier, un bandit ou un tueur. Il était chef d’une bande d’une centaine d'individus. Et il a bien enquiquiné son monde et surtout celui de l’ordre établi. L'état et les politiciens locaux étaient offensés par son prestige et sa puissance. Mais attraper et tuer Lampião n’a pas été une chose facile. Il était connu dans tout le pays, possédait des espions partout, ainsi que des amis. La majeure partie de la police envoyée contre lui n'était pas excessivement enthousiaste à l'idée de tomber en embuscade dans la brousse.

On pourrait faire l’analogie avec Robin des Bois, mais Lampião n’a pas fait que des belles choses avant de s’amuser au « justicier sans slip par-dessus le collant » ; il a commencé sa carrière en volant des vieilles femmes. Pas très jojo tout ça !

Etre bandit-justicier se n’était pas juste une manière de gagner de l’argent mais avant tout un style de vie et surtout une philosophie. Il y avait toute une culture avec ses attributs vestimentaires, ses codes de hiérarchie, ses rapports entre les genres, ses rituels d'initiation, ses valeurs culturelles et ses pratiques religieuses. Grâce au produit des vols et à la présence de plusieurs femmes parmi eux, les hommes de Lampião se parent d’accoutrements extravagants, portant des étoffes fines et arborant des pièces d’or, inondés de parfums de prix et bardés d’accessoires incrustés d’argent. Le buste serré par des cartouchières, le cou ceint d’un foulard de couleur vive, la tête couverte d’un chapeau aux bords relevés et brodés, ils façonnent une image baroque et romanesque qui enflamme l’imagination populaire. Mêlant raffinement et barbarie, ils fascinent et inquiètent à la fois. Des vrais people !

A cette théâtralisation s’ajoute chez Lampião un attrait certain pour la notoriété. Alors que toutes les polices de la région le recherchent, il accorde des entretiens à des journalistes et se laisse prendre en photo. Un film est tourné dans la clandestinité, qui montre les hors-la-loi dans des simulacres de combat ou dans des scènes de la vie quotidienne.

En cas de trahison ou de dénonciation à la police, les Cancageiros étaient impitoyables. Lampião allait jusqu’à l’extermination des familles entières de ses ennemis, attaquait les petites villes, tuant les policiers, rackettant les commerçant locaux, violant même les femmes parfois si elles avaient une relation avec des policiers ou des soldats, saisissant n’importe quelle richesse ou vivre. Ce dont il n’avait pas besoin, il le redistribuait à d’autres villages, s’assurant ainsi leur sympathie.

En juin 1938, alors que le roi du Cangaceiro désire mettre fin à sa "carrière", la cachette de Lampião fut révélée à la police par un commerçant qui parla sous la torture. Agissant par surprise, la police massacra à la mitrailleuse le petit groupe des 50 cangaceiros. Après un combat d'une vingtaine de minutes, 40 bandits réussirent à s'échapper, mais les chefs furent visés les premiers et Lampião et 10 de ses hommes furent abattus, ainsi que sa compagne, Maria Bonita. Les corps furent décapités et les têtes mises, comme trophées, dans des bidons de kérosène avec de l'eau et du gros sel.


Dès le début du siècle, les poètes populaires nordestinos immortalisent les prouesses des cangaceiros à travers une littérature régionale, et une sorte de chanson de gestes, le Cordel.
Sur les marchés et les foires, on chantera ou on lira à haute voix l'épopée tragique de ces héros d'autrefois. Les cangaceiros vivent toujours dans le folklore, la littérature, les bandes dessinées, la TV, les films et les chansons populaires.


Un petit bon dans le temps de seulement 70 ans, et nous voilà, avec Jérémie, Sandra et Delphine aux abords du Sapucai, une centaine de brésiliens déguisés en Lampião afin de donner pleins de frissons au public du Sambodrome.


Nous sommes contents d’avoir ce costume sur nos épaules même si le personnage était plutôt un bandit qu’un révolutionnaire.
Car ce personnage a (malheureusement qu’un tout petit peu) contribué à l’émancipation de la région du Nordeste, mais l’état présent est encore insuffisant. Là où Lampião a lutté il y avait et il y a encore trop d’ignorance, d’exploitation des plus petits et d’humiliation. De manière générale, l’indifférence des pouvoirs publics continue dans le Nordeste. L’économie brésilienne a beaucoup progressé ces dernières années, mais ce progrès a laissé de côté cette région qui vit de nos jours sous les mêmes apparences qu’au début du siècle dernier. Presque rien n’a vraiment changé depuis Lampião, rien n’est fait pour favoriser le travailleur qui par manque de patience et de retombées préfère souvent glisser sur des pentes qui lui font oublier sa dure vie.

Nous espérons que notre prestation marquera les esprits !