Le cœur léger nous prenons le bus direction Mangue Seco, dernière ville de Bahia, au nord avant l’état de Sergipe. Ce village de pêcheurs est difficile d’accès, comprenez par là que l’utilisation de bus ou de taxis sur piste de terre rouge puis l’emprunt d’une barque sur l’estuaire est indispensable pour arriver à bon port. Ceci explique l’absence quasi-totale de voyageur sur place (attention : nous sommes en juillet, donc en hiver sous l’équateur, ce n’est pas la meilleure période pour voyager).
Notre allégresse ne durera pas longtemps. En effet la météo doit être contre nous, il fait gris, il y a du vent, ce temps donne un côté lugubre et sans vie à cet endroit ; l’ambiance est glauque donc nous décidons de ne pas nous attarder. Nous plions bagages dès le lendemain après avoir fait un saut à la plage qui doit être merveilleuse sous le soleil : une étendue de 42 km de sable blanc ornée de cocotiers.
Nous voilà donc partis pour Praia do Forte où nous retrouvons le soleil, ce qui efface bien vite l’expérience ratée de Mangue Seco (a près tout, prendre 2 bus, 3 taxis, 2 barques en moins de 24 heures ça arrive à tout le monde, non ?).
Là-bas, nous découvrons le vrai côté touristique de la côte des cocotiers, une ville ressemblant comme deux gouttes d’eau à « EuroDisney » avec une allée pleine de restaurants, de boutiques et d’autres « attrap’ touristes » en tout genre, il ne manque plus que Space Montain et le labyrinthe d’Alice. Entre un village complètement mort et lugubre et une ville totalement artificielle, trouverons-nous un juste milieu ?
Malgré ce manque d’authenticité intra muros, la côte est stupéfiante : des piscines naturelles qui offrent une eau calme à côté d’un spot pour surfers plein d’énormes vagues, une eau bleue claire translucide et presque pas froide. Ce premier vrai moment de farniente très appréciable est accompagné d’un soleil timide, mais assez présent pour nous emplir le cœur d’énergie. A quelques kilomètres au Nord de Praia do Forte se situent les villages d’Imbassai, Santo Antonio et Diogo que nous décidons de visiter les uns après les autres.
Le bus nous dépose à Imbassai, pas de béton, seule une piste de terre rouge. Ce village est très étendu et nous y découvrons des pousadas partout, mais seulement deux touristes : nous. Parmi la quarantaine de pousadas présentes, nous élisons domicile chez Habu, un allemand fort sympathique. Un véritable petit coin de paradis à 2 mètres du fleuve, à 100 mètres de la plage et où nous dégustons chaque matin un « café da manhã » (petit déjeuner) qui vaut presque celui de l’argentin à Capão (cf ci-dessous), c’est vous dire comme il fut délicieux !!
Imbassai signifie « entre deux eaux » car la plage à cette particularité d’être prise entre l’océan et le « rio » qui offre une eau douce pour se rincer. On y a passé 3 jours extrêmement « peinard », pas de touristes à cette époque, et nous n’avions rien d’autre à faire que d’aller à la plage et prendre le temps de prendre son temps. L’endroit est paradisiaque, idyllique.
Eole est déchaîné en ce mois de juillet ce qui énerve Poséidon, mais nous trouvons refuge au bord du « rio », protégé du vent, où nous déjeunons les pieds dans l’eau.
Mais attention, vous nous connaissez, on a pas mal la bougeotte, alors quand on nous dit que Santo Antonio n’est qu’à 5 km par la plage et que ça se fait rapidement, on fonce. Eh bien, je peux vous dire que marcher toute cette distance sur du sable, c’est du sport. Pour ceux qui ont déjà fait des randonnées avec moi ou par ceux qui auront lu les articles précédents, vous voyez ce qui Seb doit supporter, mais ça le fait plutôt rire… Une fois arrivés à destination une petite « barraca » nous tend les bras et nous déjeunons comme tous les jours face à l’océan sur une plage déserte. Un havre de paix loin de ces sites touristiques, il y a moins de 10 personnes sur cette plage dont 3 qui travaillent dans le restaurant, c’est vous dire la sérénité qu’on y a trouvée.
Comme une randonnée ne s’arrête jamais si simplement nous reprenons la route vers l’intérieur du village, tout petit mais bondé de magasins d’artisanat prêts à accueillir l’acheteur ! Malgré tout c’est ravissant, cette fois-ci pas de terre rouge mais du sable blanc partout : vous vous imaginez vous levez les pieds dans le sable, ça doit être magique. Derrière le village une étendue de dunes blanches à perte de vue. On nous indique que Diogo n’est qu’à quelques kilomètres derrière celles-ci. Aucune indication, le but est de ne pas se perdre dans ce désert blanc (la légende dit que certains s’y sont perdus. En racontant cela, je ne vise personne… l’intéressé se reconnaîtra !).
Nous sommes surpris par la pluie (heureusement que nous avons toujours un parapluie dans notre sac à dos !) ce qui rajoute un côté surnaturel à cette expédition. Diogo, village authentique, endormi sous la pluie nous fait espérer qu’il existe encore d'autres endroits sur la côte du Brésil, comme celui-ci, qui ne sont pas assaillis de visiteurs comme Praia do Forte.
Revenons à nos tortues, entendez par là le retour à Praia do Forte. Cette ville a su utiliser la curiosité et le porte-monnaie des touristes afin de défendre une cause écologique. En effet c’est à Praia do Forte que se trouve le « Projeto TAMAR ». C’est un projet destiné à la sauvegarde des tortues. Les biologistes y font pondre des tortues, aident les bébés tortues à atteindre l’océan, sensibilisent les pêcheurs (cours de massage cardiaque pratiqué sur une tortue coincée dans un filet) à la protection de cet animal présent sur terre depuis l’époque des dinosaures. D’autant plus que sur mille naissances, seulement deux tortues arriveront à l’âge adulte, les autres terrassées par la sélection naturelle.
Le projet est en grande partie financé par les recettes du magasin de souvenirs : l’écologie, la sauvegarde des espèces et le tourisme peuvent faire bon ménage si cela est fait de manière intelligente. Notre dernier jour avant notre retour à Rio a été d’un farniente total : un beau soleil, un spectacle de surf, un pic-nic délicieux.
Nos vacances ont été un pur moment de bonheur où découverte et liberté se sont bien trouvées. Certes les vacances touchent à leur fin, mais une fois dans l’avion on se dit qu’on rentre chez nous, à Rio de Janeiro, et c’est plutôt la classe.
PS: les photos sur Picasa: Mangue Seco, Praia do Forte, Imbassai, Santo Antonio