18 décembre 2008

Niterói : marché São Pedro et chemin Niemeyer

On commence ce post par une touche d'humour... Savez-vous ce qu'il y a de plus beau à Niterói ? (ville en face de Rio) ... non ? ... Réponse : la vue sur Rio ... ah ah ah .. elle est bonne non ?

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Arrivé à proximité du marché Saint Pierre de Niterói, patron des pêcheurs, déjà l’odeur prenante du poisson frais atteint vos narines et guide vos derniers pas.
À l’entrée, une statuette de Pedro (Pierre en portugais) semble bénir tous les visiteurs, comme les remerciant au nom de tous les poissonniers de venir jusqu’ici acheter le fruit d’un dur labeur.


À l’intérieur c’est l’effervescence, mais le mieux est encore de s’y aventurer avec calme, observant chaque étalage, s’imprégnant de chaque odeur et couleur. Certains semblent méditer devant les corps figés de tous ces poissons qui, il y a encore quelques heures, vivaient confortablement dans les fonds marins et qui viennent tout juste de se transformer en nourriture.


Quelques personnes semblent être conscientes de ce fait et choisissent minutieusement leur futur repas, surtout que nous sommes dimanche et que toute la famille communiera et passera un moment de convivialité autour de ce poisson qui, involontairement, a donné sa vie.
Les boxes illuminés par un mélange de lumière naturelle et artificielle recèlent de trésors des mers : poissons grands, moyens et petits allant de l’argenté au rouge vif en passant par le bleu ou le jaune : thon, dorade, saumon, sardine, anchois et d’autres que je n’avais jamais vu, mais aussi des pieuvres, crevettes, moules, langouste…
C’est déjà un plaisir pour les narines et les yeux… bientôt viendra l’extase du palais… mais pas encore !


Les poissonniers crient pour appâter les clients et chacun y va de son petit « jeitinho », assorti de blague ou phrase célèbre. Un vrai spectacle. Il faut dire que le carioca est un comique né, un artiste, un rigolo, toujours dans l’exagération… c’est un peu notre marseillais à nous !
Les mains manipulent la chaire, les couteaux sont affutés avant de trancher, couper, râper, cisailler, étriper… les balances attestent de la valeur de la transaction, l’argent change de main et tout ça dans la plus grande convivialité avec plein de sourires. On est au Brésil !

Il est encore tôt et la faim se fait timide. Nous décidons d’aller tirer quelques clichés au « chemin Niemeyer », non loin de là.
Le projet, initié à la fin des années 90, est composé de 3 bâtiments : un théâtre, un mémorial (au maire qui a fait le projet) et une salle dont nous n’avons pas compris l’utilité et qui n’est pas en fonctionnement (???).
Tout comme le mémorial d’ailleurs, qui devait être une salle destinée aux événements multimédia. Inaugurée en 2003, avec plein de matériel à l’intérieur, elle n’a encore jamais servi. L’esplanade tout en béton a très mal vieillie : les dômes blancs, caractéristiques de l’architecte centenaire, deviennent gris, la peinture se défait à certains endroits, les finissions (sur lesquelles on a dut faire des économies) ont été faites à la va-vite…


On a le sentiment, confirmé par un jeune guide de l’office de culturel de la ville, que tout cela est à l’abandon, plus par manque de volonté que d’argent. On a fait un beau projet, signé d’un grand nom du 1er art, pour montrer que l’on s’investit dans la culture mais juste en apparence. Les faits sont là. Depuis 5 ans que le projet est fini, rien de n’y passe !
Rajoutez à cela, que les alentours n’ont pas été finis et encore moins revitalisés. On se situe dans une zone semi-commerciale entre un shopping-center et un énorme Carrefour. Autour des 3 bâtiments il y a encore les clôtures du temps des travaux, pas de parking, aucun accès signalisé depuis la route la plus proche, l’entrée se fait presque par un grillage troué par lequel on doit se faufiler, il y a des restes de tôle et autres matériaux de construction, une ruine de bâtiment que l’on n’a pas fini de raser au début du projet…


En somme, rien n’est fait pour que les citoyens se saisissent de cet espace de culture. Pourtant l’endroit est idéal. Le projet est localisé au bord de la baie de Guanabara, face à Rio. D’ici on voit le Centro (quartier des affaires), le Pain de Sucre, le Christ et plein de morros. La vue est superbe, l’endroit idéal pour de belles manifestations culturelles et/ou publiques.
Seul point positif du projet, le théâtre, bâtiment principal, qui lui est en fonctionnement avec une programmation pertinente. Mais on nous confesse que très peu de gens viennent et que la plus part des personnes ne savent rien de cet endroit. Le service culturel de la ville met en place des ateliers gratuits pour des écoles ou centres d’intégration. Quelques compagnies de théâtre s’y produisent et parfois un concert d’une grande figure de la musique populaire brésilienne est organisé.

Ce triste scénario est portant une réalité assez fréquente au Brésil (et pas que dans la culture) où la volonté, les efforts et les moyens politiques ne sont pas dirigés là où ils le devraient ! Soyez heureux d’être français, sortez et bouffez de la culture… tant qu’il en est encore temps !

Après cette séance photo et débat, nous remercions ce gentil étudiant/fonctionnaire, avant de retourner déjeuner au marché Saint Pierre. Car à l’étage, juste au dessus des boxes, 3 restaurant préparent les produits locaux, ou même, cuisinent pour vous vos achats.
Aucun luxe, les tables et chaises sont en plastique, les nappes en papier mais ça ne compte pas. Le vrai luxe c’est de bien manger et être heureux ! Le vrai bonheur est simple et sous le divin regard de Saint Pierre !


Accompagnée de bières « stupidement » gelées, nous dégustons une bonne dorade avec des câpres, de la salade et du riz blanc. La discussion va bon train et nous ne voyons pas l’heure tournée. Le reste de notre programme sera pour un autre jour… Direction Rio et la fin de la journée à la plage !

PS: des photos de tout ça ? ... par ici