Le sujet de ce soir n'est pas des plus amusants, ni simple à étudier, et encore moins à complètement cerner. Ce sujet ne passera jamais chez Jean Pierre Pernault après Monsieur Bouillue qui fait son cassoulet maison dans une marmite en cuivre au fin fond de la Creuse... ni après d'ailleurs.
Et pourtant c'est une réalité!
Selon un rapport de Institut Brésilien de Géographie et Statistiques, le ratio des homicides a progressé de 130% en 20 ans, proportionnellement à l'augmentation du nombre de favelas: du nombre de laissez pour compte. Le ratio des homicides est de 27 pour 100.000 contre 3,6 en France, et de 49,2 pour 100.000 à Rio (103 pour 100.000 s'agissant de jeunes entre 15 et 24 ans). Rio de Janeiro est le deuxième état le plus dangereux du pays. Ainsi en 2004, 6.438 homicides ont été enregistrés à Rio, 5.196 agressions dans les transports, 22.256 agressions contre piétons et 32.160 vols de véhicules. Seules les attaques de banques et commerces ont diminué.

La violence fait partie du quotidien des brésiliens, surtout dans les grandes villes. Dans la rue (favelas extrêmement pauvres aux pieds des quartiers luxueux, enfants qui quémandent ou rackettent), à la télévision (1/3 du temps des journaux télévisés est consacré au travail des forces de l'ordre, émission sur le modèle américain de courses poursuites et arrestations musclées en direct) et dans les journaux (presse et magasines spécialisés profitent des histoires des favelas).
On ne peut pas passer à côté ! Et la psychose s'installe comme aux Etats-Unis, ce qui ne profite qu'au crime et à ceux qui vous vendent « de la sécurité » (Politique et Cie Corp.)
Les causes et le contexte sont très difficiles à expliquer.
Il s'agit comme en France d'exclusion sociale. Mais la situation brésilienne ferait réfléchir plus d'un politicien français sur nos difficultés, tant elles paraissent simples à résoudre par rapport à celles du Brésil.
Ce qui crée la violence et l'alimente c'est l'omniprésence des trafics de stupéfiants, d'armes de petit et moyen calibre dans les favelas. Les cartels ont main-mise sur les favelas et ne lâcheront rien. Ils ont droguées les enfants depuis leur plus jeunes âge (des gamins de 6 ans snifant la colle ont un regard mort, ils ne font déjà plus parti de ce monde) et leur ont donné des armes.
Comme en Afrique, ce sont les mineurs qui commettent les pires crimes puisque que la législation ne prévoit aucune pénalité à leur encontre. Les adultes (ceux qui survivent) se servent des enfants. Ici on se méfie beaucoup d'eux. C'est eux qui vous racketterons. L'explotion de la violence date du début des années 80 avec l'arrivée des drogues et les générations du dessus sont dépassées; les problèmes de santé publique ne permettent pas de transmettre la mémoire de temps plus paisibles (où la misère n'entrainait pas forcement la violence).
Il y a aussi et surtout le chômage et la fracture sociale (cf. article sur l'éducation), le déficit du système social de 5 milliards de dollars, le salaire minimum fixé à moins de 100 dollars, les raisons de la délinquance abondent. La pauvreté est extrême, tout comme les conditions de vie et de santé. Énormément de gens mutilés à cause d'accident ou de maladie. Les soins de santé étant horriblement cher, même pour nous européens.
En résumé, l'État a abandonné une partie des siens.
On dénombre, 650 favelas à Rio (Rio comptent 8,5 millions d'habitants intra-muros et 11,35 millions dans l'aire urbaine) dont la principale, Rocinha, génère 13 millions de dollars par mois de trafics de stupéfiants ! Elles sont situées sur les morros et entourent les beaux quartiers, mais surtout les énormes quartiers des classes pauvres. Cela représente 10% de la population carioca. Seulement 10% de la population de Rio sème la panique chez les 90% restant.

Bien évidemment, la majorité de ces problèmes se déroulent dans les favelas et dans la zone nord où il y en a le plus. Mais la zone sud n'est pas pour autant épargnée. Les habitants craignent les attaquent aux piétons ou de voiture le soir (personne ne s'arrête aux feux rouge la nuit tombée).
Et comme si ce n'était pas suffisant, l'État de Rio de Janeiro attise le feu en ayant recours à la violence pour combattre la violence : un exemple de contre-productivité.
La situation s'envenime et cela me fait penser aux propositions d'un certain petit mafioso français du nom de Nicolas S. qui veut nettoyer la France !
L'État de Rio de Janeiro a recours à une milice qui tue de manière aveugle. Peint en noir et arborant un crâne empalé sur une épée - l'emblème du Batalhõn de Operações Policiais Especiais (BOPE), l'unité d'élite de la police de Rio - le « caveirão » est craint par les habitants des favelas, car il a provoqué une série d'atteintes aux droits humains, ou est impliqué dans celles-ci. Les organisations locales de défense des droits humains ont reçu une série de témoignages oculaires effrayants, faisant état de « caveirões » tirant au hasard en entrant dans des quartiers, tout en intimidant la population par haut-parleur. Cette solution ne change pas non plus le problème de la corruption !
Après ce discours très alarmant, mais qui est réel, je me dois de vous rassurer. Les attaquent aux piétons dans les quartiers tranquilles de la zone sud n'arrivent que dans des cas particuliers, bien souvent des règles simples n'ont pas été respectée: il y a des lieux à ne pas fréquenter le soir, éviter d'être seul dans les coins connus pour être « limites », toujours évoluer dans des rues où il y a beaucoup de gens, ne pas porter d'objets de valeur ou auquel vous apportez de la valeur, griller les feux rouges le soir, toujours avoir un peu d'argent à donner, ne pas se défendre en cas d'attaque (c'est ce comportement qui entraîne les rares meurtres de touristes).
La zone sud reste quand même très sûre. Beaucoup de policier patrouillent en journée avec mitraillette au poing. Le soir nous ne sortons que dans les quartiers bondés de brésiliens et faisons tout le temps très attention. N'ayez crainte! Le bon sens est la meilleure solution.
J'espère avoir pu éclaircir certains esprits sur la situation du Brésil, sur conduite à prendre pour notre chère France, et surtout sur celle à ne pas prendre. J'attends avec impatience vos commentaires et questions éventuelles.
Un lien très intérréssant pour les lusophones
6 commentaires:
c'est vrai que l'on préfère vos articles de lieux idylliques .... mais il ne faut pas se voiler la face et ce constat est dramatique..... l'optimisme n'est pas de rigueur.
On se sent vraiment privilégiés en lisant tout ça. Faites bien attention à vous même si l'on sait que vous êtes très pudents.
Bisous à tous les deux
Hé oui. On ne peut pas que parler de belles choses. Les sujets sociales, politiques, economiques, culturels sont aussi au coeur de nos discussion.
Pour vous remonter le morale le prochain article sera sablé, humide et chaud!
Plein de bisous et une pensée spéciale pour Christian (alors c'est comment d'avoir QUE du temps libre?)
Très intéressant et à la fois peu étonnant, mais toutes ces petites précisions sont bonnes à prendre.
Faites attention quand même à vous, pleins de bisous!
Bonjour!
Bon je choisis pas le sujet le plus gai pour venir poster...
C'était très interessant cet avis sur les origines de la violence.
Je partage pleinement votre point de vue sur la BOPE qui ne doit rien faire de bon qu'attiser la colère de la population. (Est-il juste possible de comparer la situation à la France?)
En tout cas c'est un plaisir de lire des articles documentés de cette façon.
Continuez ainsi, bon courage pour la suite et faite attention à vous!
...pois é ...
como te disse desde o 1º dia...muito cuidado...
espero que continues a trabalhar bem e a ir para a praia trabalhar o bronze
muitos beijos da otilia e do papaquerido que te (vos) ama e tem muitas saudades
Coucou Zeb !
J'ai trouvé ton article très intéressant !
J'espère que tu profites bien du Brazil !
++
Enregistrer un commentaire