28 octobre 2007

Ensaios do Carnaval

Si je vous dis Rio de Janeiro, une des premières choses qui vous vient à l’esprit est : le Carnaval.

Au Brésil, c’est une institution. Plus de 4 mois de préparation ! Le but est d’être le meilleur, le plus beau, le plus rythmé, le plus populaire pour gagner. Car le défilé au Sambodrome est une gigantesque compétition avec ses divisions et ses codes, et où chaque année un juri élie la meilleure école sur des critères techniques et estétiques.

À partir de septembre, les différentes écoles de Samba commencent les préparatifs : choisir leur hymne (chant et musique), préparer les chorégraphies (le défilé est composé de plusieurs groupes de danseurs), faire les costumes, monter les chars … pour être fin prêtes le jour J au défilé dans le Sambodromo.Les hymnes et chorégraphies sont choisies par des jurés au sein des propres écoles de samba (quadras), ce qui donne lieu à des semaines de démonstrations ouvertes au public, autrement dit des soirées (ensaios) endiablées !!

À la mi-octobre nous avons eut la visite de Tooff et Lib et le samedi 13 octobre, après une longue hésitation (sur le choix des écoles), nous décidons d’aller à la soirée de la communauté (autre terme pour dit favela) de Unidos da Tijuca au lieu de celle de Mangueira, beaucoup plus commerciale.

Après avoir pris un taxi qui se perd dans des zones peu fréquentables, charmante entrée en matière, nous voilà devant la quadra de l’école, hangar où elle a élu domicile. Une foule très populaire (comprenez très colorée) attend pour entrer. On se sent gringos et pas vraiment à notre place, mais en même temps on sent que c’est très authentique. La musique se fait entendre étouffée par le bruit de la foule ; on achète nos places et on s’immisce vers l’intérieur.




Après en avoir perdu quelques uns en route dans la marée humaine, on se retrouve tous au milieu de danseurs de tout âge. La musique est vite enivrante. La porta-bandeira et le mestre de sala, portant le drapeau, nous font une démonstration d’une danse sensuelle puis vient le tour des différents concourants à l’élection de la musique et de l’hymne.

Plusieurs groupes de paroliers et compositeurs ont élaboré leur proposition en groupe de manière collaborative et ont été sélectionnés au cours des dernières semaines. Et ce soir là c’était la finale, avec 3 nominations qui se disputaient sur le podium. Quand un groupe arrive, la musique commence et c’est un groupe de plus de cinquante supporters (amis et famille) qui envahit la piste pour danser et chanser sur cet air pendant plus d’une demi-heure (ça nous laisse le temps d’apprendre le refrain…). Il faut montrer que pour le jour du défilé (environ 45 minutes par école) on saura tenir la route.


On se croirait au Carnaval : l’intensité, la danse, la musique, tout y est… machinalement le corps se trémousse au rythme du samba (et oui samba est masculin quand on parle de la musique et féminin quand il s’agit de la danse !). La sensation est étrange, il est impossible de s’arrêter, malgré la fatigue, les jambes lourdes, les muscles sont comme guidés au son des cavaquinhos et autres instruments de la « bateria » : pandeiro, guitare classique, agogô, afoxé, triangle, tambour, ganza ou le fameux cuica.

Plus la musique coule plus le rythme est sambé: ça devient très rapide, la danse l’est encore plus. Telle pris par une transe, les danseurs remuent des heures durant, de la tête aux pieds, tous les muscles participent. Ça doit être pour cela que les meilleurs danseurs et danseuses venant des favelas ont des corps de rêve, et oui il n’y a pas de mystère…


Au final, dans l’ivresse de la musique et de la danse (bien que moins frénétique que les brésiliens) nous avons eut notre place, nous avons vibré tous ensemble. Le Carnaval a de magique son coté universel qui, l’espace de quelques heures comme ici, ou bien quelques jours comme en février, abat les barrières imposées par la société de tous les jours.


Le samedi 27, nous découvrons la soirée de Mangueira, l’école la plus connue, la plus « zona-sul », certes plus touristique mais très sympathique. Même sensation que pour l’école précédente, on se sent gringo pas à sa place. Cependant une fois payés les 20 reais de droit d’entrée, on ne voit pratiquement que des « blancs » (zona-sul=quartiers riches) dans le hangar, ce qui retire de l’authenticité à cette soirée … Mais après tout Mangueira a pris ce chemin commercial dès son début. Tout est une question de référentiel.



Ce soir là nous avons eut le droit pendant une heure à la même musique tout du long. La semaine précédente, la chanson avait été choisie. Le chanteur tourne en boucle sur les variations d’un orchestre au balcon et hurle dans deux micros. Je me demande s’il pouvait parler le lendemain.





Ces soirées, pour résumé, c’est des heures de samba non-stop, des chansons à reprendre encore et encore, des percussions qui ne laissent plus votre corps s’arrêter, de la sueur, de la chaleur, de la bonne humeur et cette même fièvre rythmique qui contamine petits et grands, brésiliens et gringos. C’est marrant de voir à quel point on est envoûté : même si on ne sait pas danser la samba, on choppe un peu les pas ; le résultat n’est pas fou (on a encore du boulot) et pourtant on reste sur cette piste, tous en communion avec la musique et le chant, chacun a le sourire jusqu’aux oreilles.

Pour vous donnez une idée de ce genre de soirée, imaginez des milliers de personnes et vous, devant 30 percussionnistes en tout genre, c’est plus qu’attractif ! Alors à votre avis ça donne quoi quand il y a plus de deux cents percussions ? … c’est l’ambiance du Carnaval !!! On a hâte d'y être !
En sortant de chacune des écoles, nous entendions cette même remarque : « Quoi ! Qu’est-ce que tu dis ? Je n’entends plus rien, j’ai mal au jambes ! ... On y retourne quand ? ».

Pour nous ce sera dans pas trop longtemps… Mais je n’en dit pas trop… Une surprise de taille vous attend ; surveillez vos postes de télé.

PS: Pour les photos de Unidos da Tijuca, tapez 1.
PS: Pour les photos de Mangueira, tapez 2.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Caliente,

Merci de nous remonter le moral avec du son et de la danse qui respirent (autre que la transpiration) l'ensoleillement et la fête sous les tropiques.
Ici il fait froid, mais on se réchauffe comme on peut.

Besos et bonne continuation

Anonyme a dit…

bon,
j´ai compris
... ... ... ... ...
tu vas "sambar" tres fort
felicitations
tu ne l'oublieras jamais
je v aime